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CLIMAX CHICAGO – Rich man

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L’album « Rich man » est le cinquième du Climax Blues Band (ou Climax Chicago Blues Band, ou Climax Chicago, comme on veut) à être réédité sur le label Esoteric Recordings. Nous retrouvons donc Peter Haycock (guitare), Colin Cooper (chant et saxophone) et Derek Holt (basse), qui évoluent désormais sans le claviériste Arthur Wood ni le batteur George Newsome, remplacé ici par John Cuffley. Comme pour tous ses albums jusqu’à présent, le groupe a recours aux services des studios Air de Londres mais ce n’est plus Chris Thomas qui produit.

L’homme qui se présente derrière les manettes est un certain Richard Gottehrer, un Américain ayant commencé sa carrière musicale comme songwriter dans le prestigieux Brill Building de New York, un endroit qui servit longtemps d’usine à hits pour une flopée de groupes pop et soul des années 60. Devenu producteur, Gottehrer va devenir fameux pour ses travaux avec Blondie, Richard Hell & The Voivods, Joan Armatrading, Dr Feelgood ou Link Wray. Il fonde aussi Sire Records avec Seymour Stein, ce qui explique que les éditions américaines des albums du Climax Blues Band sortiront sur ce label, resté fameux pour avoir abrité les Ramones.

L’arrivée de Gottehrer n’est pas anodine. Elle est voulue par le label anglais Harvest qui subodore le potentiel commercial du Climax Blues Band mais ne sait pas par quel bout le prendre pour concrétiser le succès. Gotterher reçoit pour mission d’américaniser le son du Blues Band afin de lui permettre de séduire davantage le public d’Outre-Atlantique.

Et la mission est accomplie avec « Rich man », qui parvient à conserver la personnalité du Climax Blues Band et son blues mâtiné de progressif, tout en lui apportant une sonorité neuve, plus en phase avec les années 70 qui commencent à battre leur plein. L’album démarre avec la plage titulaire, où des chœurs aériens laissent vite la place à une accélération dans laquelle la guitare slide se fraie un chemin. On sent ici le blues cohabiter avec des notions nettement plus progressives, ce qui sera un peu l’ambiance générale du disque. « Mole on the dole » est une paisible chanson hippie enjolivée d’une discrète clarinette, tout à fait dans l’air du temps et encore parfaitement pertinente de nos jours. Comme quoi, la beauté n’a pas d’âge.

C’est alors que le Climax Chicago se souvient de ses origines blues rock et rétablit l’électricité avec de bons petits binaires travaillés à la guitare slide, comme « You make me sick » ou « Shake your love » et son beat à la Bo Diddley. Gottehrer est un véritable cuisinier du son qui réussit à marier les arômes tantôt blues, tantôt prog du Climax Chicago, qui continue de séduire avec « Standing by a river », tout en groove soul et encore une fois embelli de parties de guitares remarquables. Oui, il faudra vraiment penser à ajouter Peter Haycock dans la liste des grands gratteux des seventies.

Il n’y a pour ainsi dire aucun moment faible dans ce disque, qui maintient l’auditeur dans une bonne humeur permanente d’un bout à l’autre. Les derniers titres « All the time in the world », « If you wanna know » et la reprise de Son House « Don’t you mind people grinning in your face » continuent de célébrer le mariage réussi du blues et du rock progressif. Ce qu’il y a de particulièrement remarquable ici, c’est la précision suisse entre le mélange d’un son FM américain et le style original blues anglais du Climax Chicago. Jamais l’autochtone n’a été aussi bien traité par un producteur américain qui a parfaitement compris l’orientation musicale du groupe et ses aspirations à explorer de nouvelles voies.

Il faut dire aussi que la remastérisation effectuée par Esoteric Recordings est aux petits oignons, avec comme cerise sur le gâteau un titre bonus consistant en la version single de « Mole on the dole ». Le très bon travail effectué sur « Rich man » porte ses fruits puisque l’album se classe à la 150e place du Billboard américain pendant une dizaine de semaines. Les portes du marché américain s’entrouvrent enfin pour le Climax Blues Band qui va ainsi entamer sa première tournée US en 1972, ce qui donnera lieu à son premier album live à paraître en 1973.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2386
Sortie: 2013/04/29 (réédition, original 1972)

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