PAVLOV’S DOG – At the sound of the bell
Pavlov’s Dog, groupe américain dont la philosophie musicale l’aurait fait mériter cent fois d’être européen, est devenu mythique dans les années 70 avec sa merveilleuse ballade « Julia ». Mais on ne saurait limiter la carrière de ce groupe à cette seule chanson car ses deux albums de 1975 et 1976 sont tout à fait remarquables. Par bonheur, le label Esoteric Recordings les réédite pour la plus grande joie de tous les petits et les grands. Après l’évocation de l’album « Pampered menial » dans une première chronique, voici maintenant l’histoire du deuxième album de ce combo du Missouri.
Columbia édite le deuxième album de Pavlov’s Dog en 1976. « At the sound of the bell » représente un Quasimodo accroché à des cloches, regardant l’auditeur dans les yeux avec désespoir. Le disque est encore une fois produit par Sandy Pearlman et Murray Krugman et le claviériste David Hamilton a été remplacé par Tom Nickeson. Quelques invités prestigieux participent à la mise en boîte : Bill Bruford à la batterie et Andy MacKay au saxophone. On retrouve les mêmes ingrédients que sur l’album précédent, avec ce rock progressif triste et la voix plaintive de David Surkamp.
Il y a moins d’attaques hard rock sur ce deuxième album et les ballades se taillent de jolis moments (« Standing here with you », « Mersey », « Valkerie », « Gold nuggets »). Les seuls vrai rock ‘n’ roll sont « Try to hang on » et « She breaks like a morning sky », et encore joués sur un mode léger. Ce deuxième album est plus monolithique dans son inspiration et n’a pas la même variété que son prédécesseur. Le romantisme neurasthénique y est roi, on peut y pleurer toutes les larmes de son corps mais les cervicales ne seront pas malmenées par des headbangings furieux. Le groupe a composé toutes les chansons et n’a pas pour habitude d’écrire des chansons sur la bière, les filles et les motos. Les types sont un peu plus torturés que ça et c’est sans doute pour cela que les disques de Pavlov’s Dog n’ont pas tellement marché aux USA. Par contre, l’impact en Europe est très grand et plus de trente ans après la disparition du Pavlov’s Dog historique, des foules entières d’admirateurs se souviennent du groupe et de son « Julia » intemporel. C’est tout à fait inédit pour un groupe qui n’a sorti que deux disques de son vivant, avec des chansons pas du tout orientées vers les hit-parades.
Devant les ventes modestes aux États-Unis, Columbia fait jouer la logique commerciale contre l’art et vire Pavlov’s Dog. Le groupe avait dans les tiroirs de quoi sortir un troisième album mais tout cela restera lettre morte, en tous cas du point de vue officiel. Columbia ayant offert à chaque musicien une copie de la matrice, on voit rapidement fleurir des versions officieuses de cet album, intitulé sous le manteau « The St. Louis hounds ». Le groupe doit cependant raccrocher les gants au vestiaire, malgré le soutien de la presse britannique qui a contribué à faire connaître Pavlov’s Dog en Europe. Pavlov’s Dog donne un dernier concert d’adieu, rejoint par Siegfried Carver qui avait quitté le groupe au moment de l’enregistrement du deuxième album.
Pavlov’s Dog va sombrer dans l’oubli jusqu’au début des années 90, quand une nouvelle mouture du groupe remontée par David Surkamp et Doug Rayburn édite sur le label allemand Rockville Music un quatrième album appelé « Lost in America ». Rockville réédite dans la foulée le troisième album, ainsi que de nouvelles versions des deux premiers. Depuis, David Surkamp redonne vie régulièrement à son groupe et visite les scènes européennes de temps à autre. Il a sorti en 2007 un album solo intitulé « Dancing on the edge of a teacup ».
Pays: US
Esoteric Recordings ECLEC 2381
Sortie: 2013/03/25 (réédition, original 1976)
Deux albums mémorables! Super bonne idée de les sortir aujourd’hui.