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RUNDGREN, Todd – State

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que Todd Rundgren se trouve toujours là où on ne l’attend pas, ou jamais là où on l’attend, comme vous voulez. Mais après 45 ans de musique, 24 albums studio en solo, neuf albums avec son groupe Utopia et trois albums avec Nazz, le groupe de ses débuts dans les Sixties, Todd Rundgren peut-il être catalogué quelque part ?

Todd Rundgren a fait bien du chemin depuis ses débuts. Géographiquement, puisqu’il naît à Philadelphie en 1948 et vit désormais à Hawaii. Mais aussi musicalement puisque le bon Todd démarre dans le garage rock et le psychédélisme, pour évoluer vers le rock, le hard rock, la pop arty, le rock expérimental, le disco, l’électro et même la bossa nova ! Il ne s’est jamais lassé de faire de nouvelles expériences, comme avec son projet interactif TR-i dans les années 90 (ses albums « New world order«  et « The individualist« ) ou ses sites de partage sur Internet, des années avant MySpace ou Bandcamp (ce qui aboutira à l’album « One long year«  en 2000).

Aujourd’hui, Todd Rundgren continue de regarder vers l’avenir tout en se penchant sur son passé, comme en témoigne son tout dernier album, un double CD paru sur le label Esoteric Antenna. « State » se compose effectivement d’un premier CD de musique électro et dance, auquel s’ajoute un CD de vieux classiques enregistrés en public en novembre 2012 au Paradisio d’Amsterdam avec un orchestre philharmonique. Attention, ce double CD est la version de luxe de « State » qui existe aussi en simple avec uniquement les nouvelles créations électro de maître Todd. Mais au vu des développements qui suivent, on comprendra qu’il vaut mieux s’acheter le double album.

Il y a effectivement un net fossé entre les dix titres du premier CD et les quatorze titres du second, qui compile principalement des chansons des années 1970 et 1990. La partie studio est assez surprenante puisque Todd Rundgren ne se livre ni plus ni moins qu’à de l’électro dansant qui frôle parfois David Guetta (« Smoke ») ou ces effroyables trucs de dance music que l’on entend en fond sonore dans les magasins de fringues ou dans les clubs de fitness (« Party liquor »). Todd Rundgren a travaillé tout cela tout seul dans son studio avec trois ordinateurs et un synthétiseur. Si le démarrage est prometteur (l’énorme riff sabbathien du premier morceau « Imagination »), on ne tarde pas à diverger dans de gentilles élucubrations électro-funk (« Serious ») ou techno ambient relaxantes (« In my mouth »). Côté paroles, on reste aussi un peu sur sa fin avec des textes écrits à la première personne qui ne cherchent pas trop à s’élever. En matière de prospective ou d’avant-garde, Todd Rundgren n’est pas ici en pointe mais plutôt avec un ou deux tours de piste de retard.

Heureusement que le CD live est là pour sauver l’ensemble de l’envasement. Ici, Todd Rundgren évolue seul, accompagné par un orchestre de cuivres et cordes qui revisite avec lui son prestigieux répertoire. Démarrant avec « Another life », un titre d’Utopia de 1975, Todd navigue à travers les années avec quelques-unes de ses plus belles chansons, extraites d’albums comme « Something/Anything? » (1972), « A wizard, a true star » (1973) et surtout « Second wind » (1991) et « Hermit the mink hollow » (1978) qui fournissent chacun trois titres (« If I have to be alone », « Love in disguise », « Love science » d’une part, et « Bag lady », « Can we still be friends? », « Face away » d’autre part). On remarque aussi la superbe et émouvante interprétation de « Pretending to care » qui vient de l’album « A cappella » (1985) et où Todd Rundgren montre que sa voix a toujours de beaux restes. Ce live est le souvenir de la tournée européenne de Todd Rundgren en 2012 et si vous regrettez de l’avoir raté, sachez qu’il vient à Verviers le 2 juin prochain.

Pays: US
Esoteric Antenna EANTCD 21018
Sortie: 2013/04/08

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