NEKTAR – Journey to the centre of the eye
Une fois n’est pas coutume, c’est Purple Pyramid Records, filiale de Cleopatra Records, qui nous ressort des vieux cartons un tout gros classique du space-rock et du psychédélisme. C’est en 1971 que le groupe britannique Nektar réalise cet album qui devient rapidement une grande pièce de collection pour les amateurs avertis et qui nous est ici offert avec d’une part l’album original remasterisé, le livret et la pochette originels ainsi qu’une seconde galette reprenant un captage en live de l’entièreté de l’album studio. Notons enfin que cette nouvelle réédition du catalogue de Nektar coïncide avec l’arrivée prochaine d’un nouvel opus prévu pour l’été de cette année.
Concernant l’équipe de l’époque, c’est le membre fondateur Roye Albrighton qui dirige la manoeuvre en se chargeant du chant et de la guitare. En tant que frontman charismatique, celui-ci mène la barque en compagnie d’Allan Taff Freeman aux claviers, de Derek Mo Moore à la basse et de Ron Howden à la batterie. Un cinquième membre vient seconder l’équipe en la personne de Mick Brockett qui assure tout le travail de préparation pour la scène, en tant que concepteur visuel. Rappelons enfin que le groupe produit beaucoup de choses depuis les années septante jusqu’aux eighties avant de relancer la machine à l’aube de l’année 2000.
Après avoir écouté une première fois la première galette, il me faut prendre quelques substances car le sol se dérobe sous mes pieds. Le voyage inter spatial démarre dès les premières notes avec ce savant mélange de psychédélisme, de space-rock et de bruitages en tous genres. Comme une cacophonie organisée, la musique ici développée ouvre une quatrième dimension où mon esprit s’engouffre à en perdre la raison ! Ce sont les seventies psychédéliques qui nous arrivent en pleine face avec une musique qui paraît désorganisée ou désarticulée mais qui, finalement, prend tout son sens en regard du contexte socioculturel de l’époque. Nombre d’événements dans le monde de la musique sont à dénombrer en cette année 71 comme le décès de Jim Morrison ou celui de Louis Armstrong. Notons aussi la sortie du quatrième album de Led Zeppelin et le Festival de Montreux au cours duquel un incendie inspira à Deep Purple la célèbre chanson « Smoke on the water ». Le concert pour le Bangladesh, qui venait d’acquérir son indépendance, réunissait entre autres Georges Harrison, Ringo Starr et Bob Dylan. Pour ce qui est des autres événements, notons la mort de Coco Chanel et la manifestation aux États-Unis qui regroupa des opposants à la guerre du Viêt-Nam. Période charnière pour l’humanité et la musique.
Revenons à nos moutons avec cet opus qui continue à ébouillanter mon cerveau à force de devoir canaliser, via mes neurones, un tourbillon de notes de musique qui nous rappelle les Doors, les Yardbirds, Jefferson Airplane ou même à certains moments, quand la guitare domine, le Jimi Hendrix Experience. Déjantés qu’ils sont les membres de Nektar pour nous concocter çà il y a plus de quarante ans ! Le delirium tremens est ici de rigueur pour affronter l’assaut sonore tant celui-ci est totalement déconnecté de l’architecture classique. Çà part dans tous les sens pour notre plus grand plaisir, en tout cas le mien ! Je vous rassure malgré tout, car il y aura bien quelques passages d’apaisement, mais ce ne sera que de courte durée car une fois que vous aurez plongé corps et âme au sein de la seconde galette live, toutes les balises de la vie réelle s’évanouiront dans l’infini. Comme le dit Shrek, cette musique nous vient d’un royaume très très lointain. Maintenant, ce que l’on peut regretter, c’est que les conditions de prises de son et le mixage du captage en public s’apparentent à ceux d’un album pirate !
Mais ne faisons pas la fine bouche et ne gâchons pas notre plaisir à écouter ce coffret qui nous offre du psychédélisme et du space-rock à l’état pur. Pas de panique, les éléphants roses sont bien dans la place !
Pays: GB
Purple Pyramid Records (Cleopatra Records) CLP 9957
Sortie: 2013/02/26 (réédition, original 1971)