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PLYMOUTH FURY – Vaudeville

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Ils ont de la culture, les Français de Plymouth Fury. Leur nom provient d’une voiture légendaire des années 50 et 60, une de ces grosses américaines qui a fait fantasmer des générations d’amoureux des belles cylindrées et de l’esprit rock ‘n’ roll que ces bagnoles représentaient. La Plymouth Fury, tellement grande qu’il fallait avoir un plan d’accès pour trouver le volant, a été produite de 1956 à 1978 sur les chaînes de montage de Chrysler à Detroit, Michigan. Encore une référence frappante que le groupe Plymouth Fury est parvenu à exploiter. Detroit, la ville-usine qui a enfanté les groupes de rock US les plus durs des Sixties et des Seventies (Stooges, MC5, Blue Cheer, Grand Funk Railroad, Amboy Dukes, Mitch Ryder & The Detroit Wheels, The Rationals, Third Power, Frijid Pink…). Detroit dont le seul nom évoque le bruit des marteaux s’abattant sur la tôle, le grognement des moteurs et la jeunesse ouvrière rebelle.

Oui, c’est à tout cela qu’on pense quand on écoute ce premier album de Plymouth Fury, un « Vaudeville » caréné à chaud, aux guitares hurlantes, au feulement rauque de la basse et au chant éraillé déblatérant aussi bien en anglais qu’en espagnol. Le trio est actif depuis 2007 et a déjà à son actif une poignée d’EP : « Belvédère » (2008), « Cuda » (2009) et « Crumbling walls » (2011). Tous révélaient déjà une propension de Plymouth Fury à donner dans le punk garage carnassier, au son sale et aux guitares tranchantes.

C’est cette recette salvatrice que l’on retrouve sur « Vaudeville », à la pochette faussement gentille. Si l’on observe bien, on aperçoit dans ce paisible décor de piscine et de vacances un des personnages en flammes et un autre dépourvu de tête. Pas très sain, tout ça. Tout comme la succession des huit titres qui viennent assaillir les tympans sous des tempêtes sonores pas éloignées d’influences Black Rebel Motorcycle Club, Black Keys première période, Jon Spencer Blues Explosion, Datsuns et même Gun Club.

Plymouth Fury distille un punk rock d’une grande gravité, qui démarre dans la sauvagerie de « Baiona de noche » et se termine avec le cérémonieux et impressionnant « The snake ». Ce titre est le plus long de cette sélection avec ses quatre minutes et cinquante secondes, qui représentent un véritable opéra-rock pour ce groupe qui a l’habitude de commettre ses larcins soniques en trois minutes chrono. Entre les deux, « The basement », « Ajo y agua », « Maelstrom libido », « I love u Leigh », « Tati » et « Black ravines » sont venus polir les capots de bagnoles, remuer la poussière du désert, coller de la gomme sur le bitume, faire danser des blondes aguicheuses dans les bars louches ou régler quelques comptes au fond des ruelles.

Dangereux, nerveux, varié, bien posé, ce « Vaudeville » de Plymouth Fury n’a rien d’une comédie légère. C’est un petit régal qui ne cherche pas à faire dans l’ambitieux mais colle les baffes exactement là où ça fait mal.

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2012/12/20

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