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TOBY – Coming home

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Mille concerts en sept ans, c’est ce qu’on appelle une carrière bien remplie. On doit ce rythme soutenu à Toby Beard, une chanteuse australienne que l’on appelle aussi volontiers par son seul prénom. Cette belle blonde à la voix riche nous rappelle que la scène musicale australienne demeure toujours d’une grande variété et qu’elle n’a pas fini de nous surprendre. Il n’y a pas que les hardos binaires d’Airbourne ou Kylie Minogue en Australie, il y a aussi des chanteuses interprètes qui troussent de la belle chanson, ni blues, ni rock, ni soul, ni reggae mais un peu tout en même temps et que l’on pourrait regrouper sous le terme générique (et un peu réducteur ici) de folk music. Toby est dans cette catégorie, celle des raconteuses d’histoires, celle des grandes sentimentales et des artistes généreuses.

On la trouve d’abord dans son Australie-Occidentale natale avec son premier groupe Toby & Code Red, formé à Perth en 2002. Après le EP « Giddy up » (2004) et l’album « Renaissance » (2006), Toby Beard raccourcit le nom de son groupe en Toby et entame une activité soutenue en termes de discographie et de concerts. Après « Love underground » (2008), elle édite « Sleeptalk » en 2011, sous la production de Carey Williams. Ce dernier était aussi le producteur d’Etta James, avec qui Toby fait le festival de Milwaukee en 2009. S’ensuit une rencontre avec Carey Williams et une collaboration sur l’album « Sleeptalk ». Le folk rock poignant et tout en profondeur de ce disque établit Toby dans la hiérarchie des chanteuses qui ont quelque chose à dire et qui savent comment le dire. Ici, pas de hurleuses insupportables ou de gorges développant la puissance d’un turboréacteur, comme on en connaît maintenant chez les chanteuses dites « à voix ». Toby met son organe en valeur avec finesse, grâce, sensibilité.

La voici en concert avec ce nouvel album « Coming home », dont on va vite se rendre compte que ce n’est pas le côté live qui est important ici (on entend quelques applaudissements feutrés entre les morceaux mais sans plus) mais la force évocatrice des chansons. L’enregistrement et la production signés Jesse Stack capturent au mieux la clarté de la voix, la finesse instrumentale (des cuivres et un violon en soutien effectuent un travail remarquable, ni trop discret, ni trop envahissant) et l’espace de la salle, qui semble agir comme un musicien supplémentaire. L’album est enregistré à l’occasion de deux concerts donnés dans des petits clubs de Perth et Fremantle (ville dont le cimetière est connu pour abriter la dernière demeure de Bon Scott, le premier hurleur d’AC/DC).

On est tout de suite mis dans le bain avec « Don’t go », un des derniers morceaux du répertoire de Toby qui ouvre l’album dans une ambiance recueillie. « Catch you » souligne les qualités du trompettiste Shannon Puig (qui officie habituellement dans le Tijuana Cartel). On retrouve les talents de ce Monsieur sur le jazzy « Welcome home » ou un « Rumpus room » dilué dans le reggae. Mais celle qui tire au mieux les marrons du feu est la violoniste Rachel Aquilina qui place de temps à autre de lumineux solos, notamment sur le dernier morceau « Breathe ». Les francophones se réjouiront également d’entendre un « Tu es belle » chanté dans la langue de Flaubert avec un accent australien à couper au couteau.

Triste sans être larmoyante, généreuse sans être exubérante, romantique sans être mièvre, Toby signe ici avec cet album live une belle carte de visite qui devrait lui ouvrir davantage de portes, notamment sur le marché australien qui continue de la bouder un peu alors qu’elle commence à se faire remarquer au Canada et aux États-Unis. Et l’Europe dans tout ça ? L’opération séduction se déroulera en mars avec une tournée principalement axée sur l’Allemagne et les Pays-Bas, mais avec une date au café Listwaar de Oud-Heverlee (entre Louvain et Overijse) le 22 mars. Avis aux amateurs.

Pays: AU
Toby 007 (autoproduction)
Sortie: 2013/03/05

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