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FILIAMOTSA – Sentier des roches

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Filiamotsa est également connu sous le nom de Filiamotsa Soufflant Rhodes quand il évolue en quintette. Mais quand ce duo français originaire de Nancy retrouve sa forme originale, c’est Filiamotsa. Mais cela ne fait pas beaucoup de différence car que ce soit en quintette ou en duo, Filiamotsa est toujours plein de bonnes surprises pour qui apprécie la musique expérimentale et quelque peu noisy.

C’est vrai qu’il y a une petite limite à l’adhésion à ce groupe. Si vous aimez les mélodies bien construites, les chansons à trois couplets avec refrain bien identifiable, ou même les structures progressives bien ficelées et savamment balisées, il va falloir vous éloigner du chemin de Filiamotsa, qui pratique avec le seul apport d’une batterie et d’un violon un boucan surréaliste et avant-gardiste capable de faire passer Frank Zappa et Magma pour les Chœurs de l’Armée Rouge.

Nous avions eu l’occasion d’évoquer en ces pages l’album « Filiamotsa Soufflant Rhodes« , sorti l’année dernière et qui offrait déjà une palette saisissante de ce que pouvait faire la formation en quintette. Avec la formule duo, autour d’Emilie Weber et Anthony Laguerre, on progresse dans les mêmes angoisses labyrinthiques générées par la batterie et le violon, auquel on ajoute aussi un second violon et un clavier actionnés par Philippe Orivel. C’est donc un faux duo, mais un vrai trio qui démarre ce « Sentier des roches » dans les ambiances suffocantes de « Zittern », moment de frousse sonore auquel s’enchaîne sans qu’on y prenne garde le morceau suivant, « Cerveau des familles ».

« Cerveaux de familles » est le premier morceau où l’on entend la voix d’Anthony Laguerre, qui place des paroles surréalistes et hallucinées dans ce poème poisseux, tremblotant et environné de sons lugubres. On retrouve Anthony Laguerre donnant vie à « Chiens déguisés », qui démarre dans un brouhaha crissant, où un violon irritant est peu à peu absorbé par des nappes de batterie. Le texte est ici inquisiteur envers ceux qui veulent amasser toujours plus de richesses. Entretemps, « 4QSO » est venu livrer un spoken word entêtant par le biais de G.W. Sok, ex-chanteur de The Ex invité pour l’occasion. Autres invités, les musiciens de l’Archipel Nocturne qui viennent faire tonner les violoncelles sur « Montroyal ».

Filiamotsa a beau opérer sans basse ni guitare, il parvient à monter un mur sonore colossal, rageur, inondé de subtilités, d’ingrédients tantôt rêveurs, tantôt désespérés. « So noise » lâche moins de deux minutes de sauvagerie violonique, tandis que « La porte de la fontaine » fait intervenir un autre invité, en la personne du claviériste Chapelier Fou. Ce dernier titre affûte rythmiques tribales, égosillement du violon et vapeurs épaisses de claviers étouffants.

On ressort de ce périple aussi éprouvant que prodigieux avec la conviction que Filiamotsa est décidément un groupe d’une indiscutable originalité, au message poignant et aux ressources musicales riches. Le duo se lancera dans une tournée française à partir de la mi-février. Rien n’est encore prévu pour la Belgique, mais ce serait bien le diable si cette excellente formation ne venait pas nous faire un petit coucou un de ces jours.

Pays: FR
Stilobrique / Les Disques de Plomb / Whosbrain
Sortie: 2013/03/04

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