PIGNOSE WILLY’S (The) – Who do you love
L’esprit vaudou n’a pas complètement disparu. Il a même été repéré récemment du côté de Haarlem (Pays-Bas) en train d’envoûter deux ahuris qui désormais se prennent pour un mélange de John Lee Hooker et Screamin’ Jay Hawkins, hantés par le fantôme de Jeffrey Lee Pierce et celui de Charley Patton en même temps.
Ces deux-là s’appellent Joost Varkevisser (percussions, râles vocaux en tous genres, raclement de guitare) et Pieter Kamp (harmonica, beuglements idiots) et ont fondé le duo The Pignose Willy’s en 2010, en hommage à personne, ce qui tombe bien car on s’en fout complètement. Les deux lascars avaient eu l’occasion d’exercer leurs talents de bluesmen déviants dans Pussycat Kill Kill Kill, obscure formation dont on ne sait rien. Un premier EP intitulé « Green bottle » sort en 2011, suivi de ce « Who do you love » qui vient maintenant hanter les faubourgs.
Avec The Pignose Willy’s, Varkevisser et Kamp se plongent dans le bourbier blues et se vautrent dans une fange acide et vile, faisant ressurgir dans l’inconscient collectif les bas-fonds du Mississippi, avec ses bouges crasseux, ses musiciens de rue aveugles, ses pochtrons célestes pactisant avec le démon, et le péché toujours en première ligne. Le duo joue un blues boogie trash, sonnant comme un fond de poubelle frappé à coups de godillots par des gamins des rues. On y trouve pêle-mêle des héritages en provenance de John Lee Hooker, Son House, Charley Patton, Blind Lemon Jefferson, mais aussi des sonorités plus contemporaines rappelant le Révérend James Leg, Black Diamond Heavies, Jim Jones Revue, Son Of Dave ou le regretté Captain Beefheart.
Autant dire que le blues punkifié et retors de Pignose Willy va faire vibrer les hanches, faire taper du pied, secouer le crâne et donner envie de repartir sur les routes afin d’expérimenter la vie décalée et festive des chevaliers du blues. La combinaison entre la guitare caillouteuse, le chant fini au papier de verre, les coups sauvages de batterie et un harmonica sinueux et entêtant forme la trame de douze titres bruts, rugueux et primaires qui rappellent qu’il y a encore des rebelles gonflés à la testostérone qui n’ont que faire des gentilles manières hypocrites qui empoisonnent le monde de la musique.
Pays: NL
Suburban Records
Sortie: 2013/02/15