CD/DVDChroniques

CAVALLI, Don – Temperamental

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Un musicien qui a pour fans des gens comme Ben Harper, Jack Johnson ou les Black Keys a forcément quelque chose de fort caché dans son âme. Avec Don Cavalli, nom transalpin mais français de naissance, on ne tarde pas à découvrir ce secret. Son dernier album « Temperamental » est une sorte de coffre-fort regorgeant de trésors sonores et d’ambiances rangés comme des rivières de diamants dans des écrins.

Bien malins ceux qui pourront enfermer le bonhomme dans un tiroir et mettre une étiquette dessus. Don Cavalli taquine le blues, effleure le folk, tutoie le funk, chatouille le psychédélisme mais ne se prend les pieds dans aucun de ces mondes. Il court dessus, vient y piquer des trucs mais y dépose en compensation des éléments de son style personnel, véritablement fort et authentique.

Déjà auteur des albums « Odd and mystic » (2002) et « Cryland » (2007), Don Cavalli revient avec ce « Temperamental » produit par Vincent Talpaert, qui avait déjà tripoté les manettes sur « Cryland » et produit des artistes comme Moriarty ou Mustang. Cet album reflète le côté multiple de Don Cavalli, dont le parcours de vie est déjà peu banal. Né à Paris, élevé en banlieue, Don Cavalli partage son temps entre la musique (il apprend la guitare seul et découvre les grands bluesmen historiques par ses propres moyens) et des activités moins glorieuses mais qui assurent la croûte et le logement (ouvrier de chantier, croque-mort, jardinier…).

Avec un vécu de ce genre, il ne faut pas s’étonner de trouver chez Don Cavalli un kaléidoscope d’univers musicaux. L’homme réfute être un bluesman pur jus, il préfère développer ses propres constructions musicales, comme l’atteste ce puzzle séduisant qu’est « Temperamental ». À l’écoute, on a l’impression d’entendre JJ Cale surfer sans vergogne entre blues du Delta (« Temperamental »), musique de film des Sixties (« Garden of love »), d’improbables pièces dansantes à consonances orientales (« Me and my baby », « Santa Rita », « The greatest »), psychédélisme lascif et fuzzy (« Gonna love you ») ou un incroyable rap-funk feutré et tendu à la fois (« Feel not welcome »). Entre Hank Williams, Woodie Guthrie et Carl Perkins brutalement sortis de leur sommeil éternel et modernisés à grands coups de bistouri électro-blues dansant, Don Cavalli ressuscite un monde suranné et lui redonne son éclat d’antan (« Zundapp », « Birthday suit »).

On se rangera donc du côté de la presse qui voit en Don Cavalli un personnage doué et généreux (les Inrocks) et même comme un sauveur et un gardien du temple (Magic). Histoire de tenter de laisser également un commentaire plus personnel se référant à ses activités annexes, on peut voir en Don Cavalli un jardinier céleste semant sur les terres blues et country les graines de la modernité grâce à des outils fabriqués de ses propres mains.

Pays: FR
A*Rag Records
Sortie: 2013/02/04

Laisser un commentaire

Music In Belgium