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RUNDGREN, Todd – Live at the Warfield Theater, March 10th 1990

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Avec ce « Live at the Warfield Theater » de Todd Rundgren, le label Esoteric Recordings sort un album live inédit du maître, qui reposait dans les tiroirs depuis 22 ans. L’histoire remonte à la fin des années 80, lorsque Todd Rundgren enregistre un de ses albums les plus marquants de cette période, « Nearly human ». Ce disque est considéré par de nombreux fans comme un des meilleurs de Todd Rundgren, dont la discographie est pourtant bien fournie. Actif dans la musique depuis le milieu des années 60, Todd Rundgren aligne en effet une carrière impressionnante, que ce soit avec son premier groupe Nazz, son side project progressif Utopia, ses albums solo ou ses activités de producteur (Grand Funk, XTC…).

À l’époque de « Nearly human », douzième album studio de Todd Rundgren, celui-ci est résolument tourné à nouveau vers ses activités solo, ayant mis fin à son projet Utopia quelques années auparavant. En 1985, il sort un album étrange, « A cappella », entièrement réalisé avec sa voix, à l’aide de divers overdubs et d’une lourde post-production en studio. Avec « Nearly human », quatre ans plus tard, Todd Rundgren revient à une méthode de fabrication beaucoup plus classique, puisqu’il enferme dans un studio un groupe à la composition conventionnelle, à savoir Brent Bourgeois (claviers), Larry Tagg (basse), Lyle Workman (guitare) et Michael Urbano (batterie). Avec en supplément quelques invités prestigieux sur certains morceaux (Bobby Womack en duo sur « The want of a nail », Narada Michael Walden et Clarence Clemons sur « I love my life »), Todd Rundgren réalise un album qui cherche à revenir vers des sensations plus immédiates et qui soit adapté à des performances scéniques. Très rock FM et R ‘n’ B, « Nearly human » est bien accueilli par la presse spécialisée et se hisse à la 102e place du Billboard américain lors de sa sortie en mai 1989.

Content de ce résultat, Todd Rundgren met sur pied un groupe de tournée et part sur les routes semer la bonne parole de sa musique. Il s’entoure de ses musiciens studio Larry Tagg, Lyle Workman et Michael Urbano et complète sa troupe avec Byron Allred (claviers, habituellement dans le Steve Miller Band), Vince Welnick (piano, qui a joué avec The Tubes dans les années 70 et jouera avec Grateful Dead dans les années 90), Max Haskett (trompette, des groupes Cold Blood et Rubicon), Bobby Strickland (saxophone), Scott Matthews (percussions) et un chœur féminin composé de Jenny Muldaur, Michele Gray (la future Madame Rundgren) et Shandi Shinnamon. La tournée passe le 10 mars 1990 par le Warfield Theater de San Francisco et un enregistrement est fait à cette occasion. Ce n’est qu’en 2012 que l’on peut profiter de ce live imposant (un double CD) dont la set list se focalise sur le dernier album en date (les neuf dixièmes de « Nearly human »), mais laisse aussi la part belle à quelques extraits d’albums des années 70 : « Initiation » (1975), « Faithful » (1976), « Hermit the mink hollow » (1978). On trouve aussi des extraits de l’album « Healing » (1981) et quelques pièces intéressantes en provenance des albums « POV », « Oops! Wrong planet » et « Adventures in Utopia » du groupe Utopia.

Ce sont ces morceaux qui demeurent les plus intéressants parmi la sélection jouée au Warfield, car il faut bien admettre que les chansons de Todd Rundgren des années 80 ont un peu vieilli et restent datées aujourd’hui. L’album « Nearly human » est essentiellement un disque de rock FM à consonance R ‘n’ B et le chant de Todd Rundgren sur la scène du Warfield ressemble étrangement à celui de Michael Bolton. L’ensemble reste sympathique et l’on retiendra surtout un medley consacré à Marvin Gaye, le solide « Love in action » qui provient de l’album « Oops! Wrong planet » d’Utopia en 1977 et le final du concert, composé de « Hello, it’s me » (datant de l’album « Something/Anything? » de 1972) et surtout un invraisemblable « I love my life » de près d’un quart d’heure, qui pratique la course échevelée de solos en solos et répand la fête avec la puissance des chutes du Niagara. On aurait aimé que tout l’album soit de cette trempe, mais le niveau de folie est malheureusement toujours bien maîtrisé au cours de ce concert.

Il n’en demeure cependant pas moins vrai que ce « Live at the Warfield Theater » reste un document sonore intéressant sur l’état de la carrière de Todd Rundgren à la fin des années 80 et à l’aube des années 90, avec en plus quelques morceaux significatifs de sa riche discographie solo des années 70.

Pays: US
Esoteric Recordings ECLEC 22352
Sortie: 2012/10/29

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