VIZA – Carnivalia
Une pochette multicolore et naïve qui évoque la fête et l’Europe de l’Est, un nom qui fait penser aux voyages : pas de doute, on a affaire ici à un groupe qui a envie de bouger, de faire bouger et qui n’a pas été élevé dans le béton froid d’un studio new-yorkais. C’est pourtant de New York que Viza provient, mais son monde est ailleurs.
Avec aux commandes un Grec, deux Américains et une troupe d’Arméniens nés au pays ou en Amérique, on se doute bien que Viza ne va pas faire dans la country & western. Non, la musique du groupe évoque le grand Est, les furies balkaniques, les charges de cosaques ou les fabriques clandestines de slivovitch, cet alcool de patate yougoslave qui rend aveugle. Pour résumer et rendre service aux gens pressés, Viza est un mélange entre Gogol Bordello et System Of A Down. Appétissant, tout ça !
Formé en 2000 sous le nom de Visa par Knoup Tomopoulos, qui anime à l’époque son propre groupe de métal industriel Neurobox, le groupe cherche immédiatement l’exotisme grâce à la diversité culturelle de ses membres mais se place aussi résolument dans le sillage des métallurgistes américano-arméniens les plus célèbres du coin, à savoir System Of A Down. Visa prend de l’ampleur au fur et à mesure qu’il recrute, pour aboutir finalement à Knoup Tomopoulos (chant), Hiram Rosario (batterie), Jivan Gasparyan Jr (duduk, instrument à cordes typiquement arménien), Orbel Babayan (guitare), Shant Bismeyan (guitare), Antranig Kzirian (oud), Alexan Katcherian (basse) et Chistopher Daniel (percussions, un type avec un nom si prononçable que c’en est presque décevant).
Loin d’être chiants et aussi gais qu’une chanson de Boris Vian, ces lascars vivifiants élaborent à bon escient un paysage musical riant et sautillant. Leur nouvel album « Carnivalia » fait suite aux précédents « Made in Chernobyl » (2010) et, sous le nom de Visa, « Eros » (2008), « Maktub » (2007) et les EP « De facto » (2007) et « Visa » (2005). Calés sur un format résolument limité à trois minutes, les douze titres de « Carnivalia » rappellent immanquablement System Of A down, avec cette association entre métal et sonorités traditionnelles où les changements de tempos et d’atmosphères rendent les morceaux instables et donc dépourvus de monotonie. Entre orientalisme nerveux (« A magic ladder », « Shall we reign dance? »), romantisme branché sur le 220 volts (« Viktor’s sister ») ou décadence suave (« Everybody wants money »), Viza nous embarque dans un voyage peuplé de voleurs de poules, de diseuses de bonne aventure, de princesses bohémiennes, de fêtards invétérés et de poètes fauchés.
Comme je le disais, le parallèle avec System Of A Down saute aux yeux et il n’est pas étonnant de voir Viza emmené dans les valises de Serj Tankian, l’ex-System qui parcourt actuellement l’Europe en tournée pour la promotion de son nouvel album solo. La Belgique a malheureusement été oubliée dans ce périple et il faudra prendre son mal en patience pour assister à un concert de Viza.
Pays: US
Graviton 00011 00
Sortie: 2012/10/05