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EXTRA LIFE – Dream seeds

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Voici un groupe qui va bien surprendre son monde. Les New-Yorkais d’Extra Life n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’ils ont déjà les albums « Secular works » (2008) et « Made flesh » (2010) à leur actif. Mais avec « Dream seeds », le guitariste-chanteur Charlie Looker et son équipe mettent sur le marché un album incroyable, d’une densité et d’une beauté peu communes.

Pour ceux qui n’ont pas encore croisé ce groupe sur leur chemin, quelques éclaircissements s’imposent. Extra Life vient de Brooklyn où il s’est créé en 2007 autour de Charlie Looker (chant et guitare, par ailleurs membre de Zs et Dirty Projectors), Ian Antonio (batterie), Travis Laplante (claviers et saxophone), Caley Monahon-Ward (violon) et Tony Gedrich (basse). Le groupe chasse sur des terres qui se rejoignent dans un carrefour très complexe entre math rock, avant prog, post rock, folk déviant, psychédélisme technologique et médiévalisme renaissant. L’héritage est lourd à porter, mais a pu donner naissance à des albums alambiqués comme « Secular works » (2008) et « Made flesh » (2010). Ces deux premiers albums connaissent un beau succès chez les critiques et contribuent à l’édification d’un noyau loyal de fans qui ont pu voir le groupe au cours de quatre tournées américaines et trois tournées européennes.

Entre-temps, Ian Antonio laisse sa place à Nick Podgurski en 2008, Travis Laplante et Tony Gedrich quittant également le groupe. Charlie Looker et ses hommes reviennent alors en 2012 avec un troisième album qui marque un changement profond d’inspiration. Plus dépouillé, alliant explicitement instrumentations post-rock et chant médiéval, « Dream seeds » repose sur le double concept du rêve et de l’enfance. Et les sept morceaux qui composent cet album sont tout simplement fascinants. Entre langueur romantique et rêveuse (« No dreams tonight », « Little one ») et ambiances plus inquiétantes et mécaniques (« Righteous seed », « Discipline for Edwin »), After Life emmène l’auditeur dans un rêve musical hallucinant de beauté et de grâce. Le chant grave et feutré de Charlie Looker adopte des intonations résolument grégoriennes et semble flotter, emplissant les âmes de sentiments dépressifs et transcendants. L’environnement musical d’After Life nous tire vers le haut, mais nous rappelle de regarder néanmoins vers le bas, où se situe le combat entre l’obscurité et la lumière de nos esprits.

Déjà bien secoués par les quatre premiers titres, nous sommes prêts à recevoir l’immensité et l’incroyable puissance évocatrice des deux derniers morceaux « Blindest beast » et « Ten year teardrop », respectivement 14 et 12 minutes au compteur. Autant dire que ça va y aller dans le suprême, dans la grandiloquence soyeuse et le chagrin déchiré. La voix de Charlie Looker se dédouble en ondes saint-sulpiciennes et en grommellements d’outre-tombe, les rythmiques prennent des allures pesantes, cérémonieuses. La musique se drape de soie et de riches étoffes pourpres, comme pour un couronnement. C’est la grâce qui descend sur nos têtes et révèle à nos oreilles un groupe à la personnalité inclassable, aux idées résolument en dehors des modes, comme à la recherche de l’intemporalité.

« Dream seeds » n’est pas à prendre par-dessus la jambe, c’est un parcours initiatique, un cheminement dans la brume céleste et un appel à soulever notre âme vers des sphères insoupçonnées. Absolument remarquable.

Pays: US
African Tape Records / Mandaï Distribution
Sortie: 2012/09/15

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