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DAD – Vitro

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DAD est un des secrets les mieux gardés de la scène indie-pop arty parisienne. Pas seulement Paris, d’ailleurs, puisque le groupe a également des ramifications canadiennes. Ce secret est tellement bien gardé que les blogs du Net qui en parlent, et ils sont nombreux, ne révèlent jamais l’identité des musiciens, ni leur discographie précédente. Il faut chercher du côté du site de leur label ObliqSound pour grappiller quelques éléments qui permettent de révéler au monde libre que DAD se compose de Gabriel Gorman (chant, synthétiseur), Adrien Daoud (saxophone et claviers), Maxime Daoud (basse), et Thibaut Brandalise (batterie). Les photos montrent souvent un cinquième membre dont on ne connaît pas l’identité. Mystère aussi sur les albums précédents du groupe, qui est pourtant sensé présenter ici un nouvel album, ce qui signifie qu’il y a eu des prédécesseurs.

Vous allez me dire, et vous aurez raison, qu’il vaut mieux ne pas s’embêter à dépenser de l’énergie sur la présentation du groupe, larguer un paquet de temps et de fric sur un site internet qui vous explique tout sur les musiciens, leurs manies, leurs plats préférés et le prénom de leur petite amie, et se retrouver au final avec une musique parfaitement insipide et déjà jouée des tas de fois avant.

Avec DAD, ce n’est pas cela. Le site web du groupe ne parle pas de la biographie des musiciens et c’est plutôt le disque « Vitro » lui-même qui va attirer l’attention, par ses seules qualités intrinsèques. Cet album se situe dans une veine post-rock, au confluent de groupes comme Tortoise, Grizzly Bear, Gang Of Four ou Arcade Fire. Le groupe trahit aussi des influences jazz, ce qui est normal étant donné que la plupart de l’équipe de DAD a commencé dans ce domaine.

On reste marqué, à l’écoute de « Vitro », par cette impeccable capacité qu’a DAD de poser les ambiances, de cadrer sa musique tout en parvenant à s’aventurer dans des sonorités souvent planantes, très construites et griffées de cette petite touche intellectuelle qui caractérise l’art rock. Le chant assez atonal revêtu d’un fort accent anglais semble plus parler que chanter. On perçoit parfois des résurgences des années 80 avec un « Look behind » qui fait figure de morceau oublié par David Bowie lorsqu’il composait « Scary monsters », et qui fait une référence explicite à Brian Eno. Brian Eno, le sorcier électronique derrière les premiers Roxy Music, est également une influence non négligeable sur ce disque de DAD, décidément fort cultivé en matière de rock subtil.

DAD a également défrayé la chronique sur le Net avec une vidéo tout à fait étonnante de « Sensation », où on voit le chanteur se consumer peu à peu dans les flammes, tout en chantant tranquillement comme si de rien n’était. Imagination visuelle, imagination sonore, DAD possède de nombreuses qualités de synthèse et d’interprétation d’une musique à la fois simple et élégante. Du style et de la tenue dans un monde de plus en plus grossier, ça mérite d’être souligné.

Pays: FR
ObliqSound
Sortie: 2012/10/16

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