TOGNONI, Rob – Art
Décidément, rien ne l’arrête, Rob Tognoni. L’électricien australien avait sorti coup sur coup deux albums en mars dernier (une compilation chez Blues Boulevard et un nouvel album chez les Français de DixieFrog) et le revoilà six mois plus tard avec une nouvelle galette qui retourne dans le giron du label Blues Boulevard. En bon stakhanoviste, Rob Tognoni remet le couvert avec un album tout aussi énergique que le précédent, et bien sûr dédié à la seule passion du guitariste : le blues et le rock ‘n’ roll.
C’est d’ailleurs davantage de rock ‘n’ roll dont il est question ici, avec une douzaine de titres branchés directement sur la centrale nucléaire la plus proche et alimentés en kilowatts facturés au prix de gros. À force de l’entendre et de découvrir ses disques, on commence à bien connaître le style et la façon d’opérer de Rob Tognoni. Sur son nouvel album « Art » (rien que ça !), l’Australien déballe sa marchandise en prenant soin de ne pas tomber dans la redite. Certes, le rock ‘n’ roll bien nerveux et habile de Tognoni est toujours au rendez-vous, mais le bon Rob sait varier les plaisirs et décliner les ambiances.
On démarre avec des petits chants d’oiseaux annonciateurs d’un « Shoot the dove » (« Flingue la colombe », fine plaisanterie) qui assène des riffs de western, assassins et solennels. Après, ça déroule comme à l’exercice avec du binaire carnassier (« Heaven or hell »), une cavalcade nostalgique parlant des bienfaits du blues et de ses héros (« Play your blues »), un instrumental au thème répétitif qui ne déplairait pas à AC/DC (« Café deluxe ») et un rodéo de guitare, entre rhythm ‘n’ blues et agression sonore à la Montrose (« Sling blade made »).
Après une telle première phase, il serait bon de souffler un peu et Rob Tognoni ajoute quelques cartes de plus à son jeu avec des ambiances un rien funky sur « Set you free », un mid-tempo sérieux et viril illustré par « Angel », un robotique « Roadrunner » et un hard blues dégoulinant de notes poisseuses hantées par un chant racoleur et râpeux (« Reasons why »). Après un autre petit funk rock pétillant digne des Red Hot Chili Peppers (« F#?*! it »), Rob Tognoni attaque la séquence hommage avec deux reprises finales. D’une part, un « Hey hey my my » de Neil Young tout en force et, d’autre part, une reprise assez inhabituelle, mais jouissive d’un titre des Master’s Apprentices. « Turn up your radio » est extrait d’un 45 tours de 1970 de ce groupe, qui fut le grand précurseur du hard rock en Australie au début des années 1970. Sans les fabuleux et zeppeliniens « Short cuts » (1971) et « A toast to Panama Red » (1972), la face du heavy rock australien en aurait sans doute été changée. C’est donc un bel hommage que Rob Tognoni rend à ses compatriotes qui l’ont précédé dans la grande aventure du rock ‘n’ roll. Une seule conclusion : écoutez cet album de Rob Tognoni, écoutez les Master’s Apprentices, soyez rock !
Pays: AU
Blues Boulevard 250325
Sortie: 2012/09/14
