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SPENCER, Jeremy – Bend in the road

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Le vieux bonhomme chauve et barbu qui semble parler aux anges sur cet album « Bent in the road » s’appelle Jeremy Spencer, ça ne vous dit rien ? Les plus anciens d’entre nous ou les plus perspicaces auront raison de faire le lien avec Fleetwood Mac, le légendaire groupe anglais ayant vendu des millions d’albums sur près de quatre décennies. Mais Jeremy Spencer ne renvoie pas au rock FM suave et impeccablement calibré pour les hit-parades qui a fait la gloire de Fleetwood Mac à partir de la seconde moitié des années 70. Il fut membre du groupe lorsque celui-ci était encore un fantastique combo de blues rock binaire et sans concessions, tirant des riffs d’Elmore James des sonorités grasses et hantées. C’était l’époque où l’incroyable guitariste Peter Green faisait régner l’ordre à coups de solos venus d’un autre monde et que son alter ego Jeremy Spencer faisait de tout aussi grandes choses à la six-cordes.

Puis la roue a tourné. Peter Green quitte Fleetwood Mac en 1970 pour lutter contre divers désordres mentaux. Jeremy Spencer fait de même en 1971, pour se tourner vers le christianisme et intégrer la Communauté des Enfants de Dieu. Avec le départ de ces deux guitaristes survient la période rock FM de Fleetwood Mac, qui aurait mieux fait de changer complètement de nom pour ne pas semer la confusion. Spencer va vivre relativement loin des feux du vedettariat pendant près de trente ans, sortant de temps en temps un petit album sous le patronage de sa secte.

On retrouve plus précisément sa trace vers 2006, quand Jeremy Spencer sort l’album « Precious little », une collection de titres blues avec une reprise d’Elmore James et une autre de Slim Rhodes. Six ans plus tard, Jeremy Spencer revient avec ce « Bend in the road », qui reprend les mêmes recettes : blues et folk, avec deux reprises d’Elmore James. Sauf que la version CD de l’album n’en contient qu’une, « Bend in the road » étant déjà sorti en avril dernier sous la forme d’un double vinyle de 17 titres à l’occasion de la journée internationale des disquaires. Le CD que nous avons ici ne contient que 14 titres mais propose une reprise d’Otis Rush (« Homework ») qui ne figure pas sur le LP. Bref, si vous êtes un Fleetwood maniaque ou si vous suivez la carrière de Jeremy Spencer à la trace, il vous faudra vous procurer les deux objets.

« Bend in the road » contient donc du blues (« Homesick », reprise de Homesick James, « Cry for me baby », reprise de Mel London, « Secret sorrow », belle ballade nostalgique, un « Stranger blues » bien remuant, le susdit « Homework ») mais aussi des promenades folk parfois celtisantes (« Aphrodite », « Come to me ») et un petit rock ‘n’ roll (« Earthquake »). Quelques chansons ont été écrites par Jeremy Spencer à l’époque de Fleetwood Mac ou plus tard dans les années 80 et avaient dormi dans les tiroirs jusque-là, sauf « Refugees » qui est une réécriture de la chanson « Flee », qui datait de 1979 et qui figurait sur l’album du même nom, un des rares à avoir été sortis par Jeremy Spencer durant les années 70. Cette chanson révèle un Jeremy Spencer troublant au piano et sûr de lui au chant. Le piano illustre aussi le délicat instrumental « Memorial sea », chargé d’émotion.

« Bend in the road » est un joli album, qui fait honneur à la légende de Jeremy Spencer, qui a le privilège d’avoir été intronisé dans le Rock And Roll Hall Of Fame pour son travail avec Fleetwood Mac, ce qui n’est pas rien. À écouter avec attention et respect.

Pays: GB
Propelz Records
Sortie: 2012/08/28

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