FILIAMOTSA SOUFFLANT RHODES – Filiamotsa Soufflant Rhodes
Depuis que la plupart des noms simples ont déjà été utilisés par des milliers de groupes de rock, les nouvelles générations de formations sont contraintes de faire dans l’imagination à outrance pour se trouver un patronyme. On en arrive ainsi à des noms de quatre mots ou plus, voire des phrases entières, quasiment impossibles à mémoriser en une fois. Les Français de Filiamotsa Soufflant Rhodes ne font pas exception à cette règle, mais ont aussi l’avantage d’associer à l’originalité de leur nom l’originalité de leur musique.
Au départ duo originaire de Nancy composé d’Émilie Weber et Anthony Laguerre, Filiamotsa (première version du nom) élabore un rock expérimental basé sur le couple violon-batterie, ce qui change déjà de l’association guitare-batterie abondamment explorée par les duos célèbres du moment (Black Keys, White Stripes, Black Box Revelation et j’en passe). Là où Filiamotsa se distingue aussi, c’est par son style résolument avant-gardiste, proche du rock progressif de King Crimson ou des Italiens de Zu, auquel s’ajoute une touche noise héritée de certains groupes français comme Bastard ou Condense.
Les deux musiciens sortent un premier album en 2009, « Tribute to KC », écoulé à 500 exemplaires en format vinyle, on est underground ou on ne l’est pas. Puis c’est aussi l’expérience de la scène, qui permet au duo de parcourir une dizaine de pays différents et de jouer 150 concerts en quatre ans. Forts de cette expérience, Émilie et Anthony ont relevé le niveau de leurs ambitions pour leur deuxième album en élargissant la formule duo à un quintette, qui intègre désormais Véronique Mougin (claviers), Youssef Essawabi (trombone) et Antoine Arlot (saxophone).
Toujours pas de trace, donc, d’une bonne vieille basse ou d’une guitare électrique, mais des compositions encore plus élaborées, toujours aussi insensées et imprévisibles. Vous vous imaginez bien que la musique de Filiamotsa Soufflant Rhodes (nom complet après l’augmentation de personnel) n’est pas à diffuser dans les boîtes de nuit ou dans les grands magasins, mais qu’elle s’adresse plutôt aux esthètes de l’infini, aux explorateurs stellaires ou aux savants fous. Six compositions de durées diverses (de deux à treize minutes) vous emportent dans l’univers déviant et bouillonnant d’idées de Filiamotsa Soufflant Rhodes. Tantôt très seventies (« Joué club »), tantôt noisy et échevelé (« Montroyal », neuf minutes de stridences martialement rythmées, suivies d’un morceau caché), la musique du groupe est un joli coup de balai sur le conventionnel et le banal. Encore relativement structurée, elle laisse la part belle aux instruments et ouvre la voie à des improvisations cuivrées et à des envolées cosmiques. Les amateurs d’expérimentations décalées s’y retrouveront aisément, les autres retourneront au rock sudiste ou au disco vintage.
Filiamotsa Soufflant Rhodes est annoncé les 27 et 28 septembre en Belgique, avec une première date encore à confirmer, mais une seconde fixée au B&B d’Anderlecht. Ceux qui se sentent concernés sauront quoi faire.
Pays: FR
Vand’œuvre Records
Sortie: 2012/02/24