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MONUMENTS – Gnosis

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Pour chaque nouveau groupe faisant son entrée dans l’arène métal, les spécialistes, musicologues et autres entomologistes du heavy metal inventent un nouveau terme pour classer ledit groupe. Un nouveau style qui se développe ainsi est le djent. Définition : une sorte de métal extrême progressif. Prenez une base metalcore, postcore ou mathcore, compliquez-la encore plus et vous obtenez le djent, dont le groupe référent pourrait être Meshuggah si l’on cherche à simplifier les choses.

Les Anglais de Monuments sont catalogués sous ce terme de djent et leur premier album est une occasion de décortiquer un peu le genre. Formé par le guitariste John Browne à partir des restes de son premier groupe Fellsilent (dans lequel on trouvait aussi des membres de TesseracT, un autre pionnier du djent), Monuments est resté longtemps sans chanteur. Tout était prêt : Olly Steele (guitare), Adam Swan (basse) et Mike Malyan (batterie) étaient regroupés autour de John Browne, la musique était écrite mais aucun vocaliste valable à leurs yeux n’avait trouvé place derrière le micro.

Après avoir joué sur la tournée américaine de Periphery, des copains à lui, John Browne met enfin la main sur la pièce rare : le chanteur Matt Rose, qui vient du milieu drum ‘n’ bass (The Quemists, qui avaient bossé avec Enter Shikari, Mike Patton ou In Flames). Gavé de Pantera, Deftones, Soundgarden, Red Hot Chili Peppers ou Jeff Buckley quand il était petit, Matt Rose opère également dans un groupe de jazz funk. Sa polyvalence est toute trouvée pour les chansons complexes et ambitieuses qui dorment dans les cartons de Monuments depuis deux ans.

Le résultat est donc ce « Gnosis » qui évolue dans un métal complexe associant des éléments postcore, metalcore et mathcore, avec un chant schizophrène promené entre hurlements de bête et passages mélodiques émocore. « Gnosis » démontre malheureusement que ce n’est pas en accumulant les éléments talentueux les uns sur les autres que le résultat est forcément génial. Car musicalement, certains membres de Monuments sont des phénomènes. Le batteur Mike Malyan est un forcené du fût. Multi-instrumentiste, il a travaillé pour des groupes comme Chimp Spanner ou The Algorithm et est un maître du blast beat, qu’il utilise à tout bout de champ sur l’album « Gnosis ».

C’est peut-être ce qui finit par agacer d’ailleurs, au fur et à mesure que l’on pénètre dans l’album. Les chansons de Monuments reposent sur une ou deux idées et sont déclinées à l’infini selon ce schéma. Le chant ne tarde pas à irriter aussi, avec ces passages émo qui viennent retirer tout le contenu de la violence patiemment montée par les guitares. Ceci est particulièrement parlant sur des morceaux comme « Doxa » ou « Blue sky thinking », qui démarrent dans une furie technique impressionnante mais perdent leur cohérence avec les passages angéliques du chant, d’ailleurs entendus des milliers de fois chez des tas d’autres groupes. Idem pour « Regenerate », au décollage phénoménal mais dont les réacteurs turbonucléaires laissent soudainement place à un petit moteur à hélice, le chant émo.

C’est bien simple, si Monuments avait choisi la voie tout instrumentale, il le serait justement, un monument. Mais avec le chant, au demeurant impressionnant du point de vue technique, les choses ne collent pas. Deux ans d’attente pour trouver un chanteur et en arriver là : quand les techniciens purs ont le choix, ils oublient parfois de baisser un petit peu leur niveau afin de toucher la véritable émotion.

Pays: GB
Century Media
Sortie: 2012/08/27

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