STAGNANT POOLS – Temporary room

Ce duo que l’on jurerait anglais vient en fait de l’État américain d’Indiana, de Bloomington plus exactement. Derrière Stagnant Pools se cachent les deux frères Bryan et Douglass Enas, 21 et 22 ans aux prunes, qui ont monté la désormais classique structure duale guitare/chant et batterie, à l’image de leurs compatriotes White Stripes, Black Keys ou Black Box Revelation en Belgique.

Ce n’est cependant pas à du blues lourd et crasseux que se livrent nos deux musiciens, mais à un post-rock arty qui rappelle un peu Joy Division, Sonic Youth, Interpol, Editors (normal, s’il y a déjà une influence Joy Division…) ou Cure. On est donc plus ici dans le fragile et l’écorché, dans la langueur et l’introspection, et c’est dans cet univers-là que nous plongent les douze titres de « Temporary room », premier album du groupe.

Le disque est enregistré en une journée et emporte l’auditeur dans un voyage froid et éthéré, où un chant neurasthénique et monocorde est porté par des nappes de guitares boueuses, semblant accompagner le lent réveil d’un géant après des siècles de sommeil. La production est gigantesque, enveloppant le moindre centimètre cube d’espace disponible. Mais ce chant dormant et atonal finit par taper de plus en plus sur les nerfs, tant il entre en contradiction avec la nervosité de la batterie. Quelques hurlements n’auraient pas été de trop, ou alors il aurait fallu attendrir la rythmique pour la rendre plus rêveuse. Il faut du temps et un état d’esprit approprié pour se retrouver en phase avec les sérénades robotiques que sont « Illusions », « Consistency », « Dreaming of you » ou « Maze of graves », mais il ne reste pas moins vrai que le concept développé ici par Stagnant Pools a son petit charme et qu’il a incontestablement le mérite de la profondeur.

Les frères Enas ne sont pas du genre léger ou vulgaire, ils portent sur leurs épaules un monde de tristesse et de rêverie mélancolique. Leur premier disque pose les jalons de leur univers, avec encore un peu de difficultés à se dégager des influences premières. Mais avec de la patience et de la réflexion, les Stagnant Pools pourraient se payer le luxe de ne plus stagner, justement.

Pays: US
Polyvinyl Records
Sortie: 2012/08/07