SONNY & THE SUNSETS – Longtime companion
Voici un personnage atypique qui mérite d’être découvert. Sonny Smith est dans la musique depuis une vingtaine d’années, à l’époque où ce Californien arpentait les petits clubs du Colorado en reprenant des reprises de Jimmy Yancey au piano. Il déambule ainsi dans le centre des États-Unis et sa passion pour la rédaction de scénarios l’amène peu à peu à écrire des chansons qui sont de véritables petites histoires. Ayant réalisé son premier court-métrage Kid gus man en 2000, Sonny Smith s’attaque également au théâtre, au journalisme et à la rédaction de nouvelles dans des magazines littéraires.
Ce touche-à-tout arrive logiquement à la musique avec son premier album solo en 2002, un « This is my story, this is my song » qui sera suivi de « Sordid tales of love and woe » (2003), « One act plays » (2005), « Fruitvale » (2007), puis un réenregistrement de « One act plays » en 2012. Parallèlement à cette activité solo, Sonny Smith anime son groupe Sonny & The Sunsets, composé de Tahlia Harbour, Kelley Stoltz, Ryan Browne, Shayde Sartin et Tim Cohen (figure de l’underground californien, membre de groupes tels que Black Fiction, The Forest Fires Collective, The Fresh & Onlys, The Latter, 3 Leafs ou Window Twins).
Avec « Tommorrow is alright » (2009) et « Hit after hit » (2011), Sonny & The Sunsets avaient fait montre d’un style mélangeant garage rock farfelu, pop indé folkisante et bricolages néo-psychédéliques toujours surprenants et imprévisibles. Mais par rapport à ces deux précédents albums, le troisième « Longtime companion » ici présent affiche un retournement radical puisqu’il se faufile entièrement dans la country et le folk.
Sonny Smith l’annonce lui-même : c’est un album de rupture, une rupture consommée avec la compagne qui partageait sa vie depuis dix ans, qui est partie et l’a laissé tomber. Pas rancunier et toujours confiant, Sonny Smith a écrit les dix chansons de cet album durant tout le temps qu’a pris cette rupture pour naître et se conclure. Sonny a ajouté à ses Sunsets des membres de son autre groupe The Fuckaroos et a enregistré ce disque dans un vieux sous-sol suintant la bière.
Le résultat est un album tout à fait touchant, surtout remarquable pour « Pretend you love me », délicieuse ballade à la guitare steel, qui frappe d’autant plus quand on connaît les circonstances dans lesquelles Sonny Smith a écrit cet album. Les amateurs de country retrouveront ici des éléments rappelant ces bons vieux monstres du genre que sont Gene Clark, les Flying Burrito Brothers, Townes Van Zandt ou Johnny Cash. La voix traînante de Sonny Smith fait aussi penser à Bob Dylan ou aux aspects les plus folks des Kinks. Petit défaut, l’instrumental « Rhinestone sunset » qui rappelle le générique d’une célèbre émission animalière de la télévision française. On frôle ici le classicisme kitsch un peu niais du genre country, tellement visité et exploité dans ses moindres recoins depuis des décennies. Mais mis à part ce léger faux pas, Sonny & The Sunsets parviennent à imprimer leur marque particulière sur un genre qu’il est difficile de renouveler.
Cet album est certes une cassure dans le continuum instauré jusqu’alors par Sonny & The Sunsets mais il intègre harmonieusement l’univers un peu décalé et imaginatif de cette formation qui mérite qu’on y prête attention.
Pays: US
Polyvinyl Records
Sortie: 2012/06/26