HILLAGE, Steve BAND – Live
Le nom complet de cet album est « Steve Hillage Band / Gong Unconvention : Amsterdam 2006 ». C’est un album qui marque le retour sur scène de Steve Hillage, à l’occasion duquel ce dernier a créé son propre label G-Wave, qui avait d’ailleurs sorti ce live une première fois en 2009. Mais avant de se lancer dans l’analyse de cet album, un petit rappel sur Steve Hillage ne serait pas de trop. Steve Hillage est apparu dès la fin des années 60 sur la scène progressive britannique, imposant d’emblée un jeu de guitare brillant alors qu’il a tout juste 18 ans. On peut repérer son talent sur le premier album où il apparaît, l’unique disque d’Arzachel en 1969, une série de titres qui plairont aux amateurs de blues lourd et de rock progressif costaud. Dans Arzachel, on trouve aussi Dave Stewart, qui va plus tard fonder le groupe Egg, une formation intéressante dans la nébuleuse de la scène progressive de Canterbury. Steve Hillage aura d’ailleurs l’occasion de venir jouer en guest sur certains albums d’Egg. Le lien de Steve Hillage avec la scène de Canterbury se renforce lorsqu’il crée Khan en 1972, ayant recours aux services de musiciens issus de Gong et de Hatfield And The North, en plus desquels il faut mentionner l’ex-Arthur Brown Nick Greenwood, par ailleurs responsable d’un excellent album solo heavy progressif en 1971.
Khan impose le talent de guitariste de Steve Hillage, qui joue aussi avec Kevin Ayers avant de rejoindre Gong en France en 1973. Puis Steve Hillage s’installe à son compte et délivre une série d’albums solos entre 1975 et 1978, hautement recommandés : « Fish rising » (1975), « L » (1976), « Motivation radio » (1977) et « Green » (1978). Devenu producteur dans les années 80 et DJ de dance music dans les années 90, Steve Hillage était moins actif en tant que musicien.
Il crée la surprise en remontant en novembre 2006 une association scénique avec d’anciens musiciens de Gong : Miquette Giraudy (synthétiseurs et chant, au passage compagne de Steve Hillage), Mike Howlett (basse), Chris Taylor (batterie) et Basil Brooks (claviers). Un concert de reformation du Steve Hillage Band a lieu au Melkweg d’Amsterdam et ce sont six morceaux de ce show qui sont représentés sur cet album live. Il y a d’autres morceaux, mais qui curieusement proviennent de concerts radicalement différents et très anciens : trois titres viennent d’un concert à Amsterdam de décembre 1979 et un dernier est issu d’un show avec Gong à Londres en octobre 1974.
Cet amalgame hétéroclite de titres issus de différents shows n’ayant rien à voir les uns avec les autres créé une petite cassure dans le continuum de ce live, dont on sent à un moment l’ambiance radicalement différente dans le public. C’est bien le seul défaut, très mineur, de cet album qui s’avère autrement tout à fait excellent. Steve Hillage joue des titres de ses trois premiers albums et les versions livrées ici sont spectaculaires, tant par le son que par les prouesses à la guitare, soutenue par une section rythmique irréprochable. Plus précisément, « Aftaglid », « Solar musick part 1 » et « The salmon song » viennent du premier album « Fish rising », « It’s all too much » vient de « L », « Hellow dawn » vient de « Motivation radio ». « Solar musick part 1 » est par ailleurs le titre extrait du concert de 1974, donc présenté ici sous deux versions différentes.
Les solos de gratte, notamment sur « Aftaglid », « Solar musick suite part 1 » et « The salmon song » sont prodigieux, montrant que Steve Hillage n’a rien perdu de sa légendaire dextérité. On est ici en plein rock progressif débordant de force et d’énergie et c’est un régal pour les oreilles. Les titres des années 70 sont plus space-rock ou jazzy et ils tranchent vraiment avec l’ambiance générée par le show de 2006. Ils restent néanmoins intéressants.
Donc, pour ceux qui n’avaient pas déjà cet album, le bon réflexe est d’en faire l’acquisition pour redécouvrir un guitariste tout à fait formidable et qu’il ne faut pas oublier.
Pays: GB
G-Wave Records
Sortie: 2012/09/10