WYATT, Robert – The End of an Ear
Né à Bristol en 1945, Robert Wyatt passe sa jeunesse à Canterbury où il suit des études artistiques en peinture. Il apprend aussi le piano, la trompette, le violon et la batterie. Dès le début des années soixante, il côtoie la plupart des grands acteurs de ce que l’on nommera par la suite « l’École de Canterbury ». Elle mêle à doses variables Jazz, Rock, Psychédélisme et expérimentations diverses au travers de formations fluctuantes. Dès 1964, il fait partie des membres fondateurs des Wilde Flowers, puis en 1966, de Soft Machine avec Mike Ratledge, Daevid Allen et Kevin Ayers.
L’année 1970 voit poindre d’importantes tensions au sein du quatuor déjà remanié. Mike Ratledge, Hugh Hopper et Elton Dean optent de plus en plus clairement pour une direction Jazz-Rock dans laquelle le chant, les voix et les fantaisies psychédéliques ne sont plus souhaités. Sorti au début de l’année, l’album « Third » marque un premier tournant pour lui. S’il comprend une de ses compositions, l’excellent « Moon in June », ses trois camarades rechignent à y collaborer. Il finira par la réaliser quasiment seul, jouant de tous les instruments. Par la suite, aucun autre album de Soft Machine ne comprendra de vocaux. Pour l’album « Fourth » enregistré à l’automne, il reste à l’écart et ne preste qu’à la batterie. Il est viré en août 1971 et monte alors Matching Mole avec d’abord David Sinclair, Phil Miller, Dave MacRae et Bill MacCormick.
En août 1970, entre les albums « Third » et « Fourth », C.B.S. lui avait offert la possibilité d’enregistrer un premier album en solo. Il dédie chacune de ses compositions à l’un ou plusieurs de ses amis : Daevid Allen et Gilly Smith, Caravan et Jim Hastings, Carla Bley, Kevin Ayers, …
Éclectique, « The End of an Ear » acte sa vision artistique et souligne par là même les divergences avec celui qui prend clairement le leadership de Soft Machine, Mike Ratledge. La participation dynamique et sans réserve d’Elton Dean et Mark Charig, camarades du groupe et partenaires de Centipede, montre d’ailleurs qu’il est moins seul artistiquement qu’il n’y paraît. Le ton général annonce pourtant déjà la carrière future de l’artiste.
Parmi tous ces titres, la composition de Gil Evans (Miles Davis), allongée, fortement remaniée et deux fois reprises, se situe dans la trajectoire originelle du groupe. Les voix sont retravaillées et étranges, les atmosphères éthérées et les expérimentations nombreuses. Instrumental, le reste est surtout marqué par différentes visions du Jazz moderne, plus particulièrement le Free Jazz (« To Nick Everyone »).
Paru à une période charnière où nombre de groupes de Canterbury cherchent un nouveau positionnement, Robert Wyatt suit ce même mouvement avec un album clairement de transition, qui intéresse mais ne passionne pas vraiment. Il ne restera d’ailleurs pas dans les mémoires, même celles des amateurs de l’artiste. En 1974, son chef-d’œuvre, « Rock Bottom » l’éclipsera définitivement. À cette époque, il avait déjà perdu l’usage de ses jambes après une chute lors d’une party marquée par de nombreux abus.
Les titres (46’59) :
- Las Vegas Tango Part 1 (Repeat) (Gil Evans)(8’13)
- To Mark Everywhere (2’26)
- To Saintly Bridget (2’22)
- To Oz Alien Daevid and Gilly (2’09)
- To Nick Everyone (9’17)
- To Caravan and Brother Jim (5’21)
- The Old World (Thank You for the Use of your Body, Goodbye) (3’17)
- To Carla, Marsha and Caroline (For Making Everything Beautifuller) (2’47)
- Las Vegas Part 1 (Gil Evans) (11’07)
Les participants :
- Robert Wyatt : Batterie, Piano, Orgue, Chant & Compositions
- Neville Whitehead : Basse
- Mark Charig : Cornet
- Elton Dean : Saxello & Saxophone Alto
- Mark Ellidge : Piano
- Cyrille Ayers : Percussions
- Dave Sinclair : Orgue
Pays: GB
Esoteric Recordings ELEC2324
Sortie: 2012/05/28 (réédition, original 1970)