CAPALDI, Jim – Let the thunder cry
Jim Capaldi, ex-batteur de Traffic (auteur de l’immortel hit « Dear Mr. Fantasy » et un des groupes progressifs anglais les plus importants des années 1967-73) passe la plupart des années 70 et 80 à se constituer une carrière solo faite d’albums à la croisée des chemins pop (« Oh how we danced »), progressifs (« Whale meat again ») et parfois disco (« The contender », « Electric nights »).
Le disco est encore assez présent sur « Sweet smell of success », premier album que Capaldi signe sur le label Carrère en 1980. Mais le deuxième album pour ce label, « Let the thunder cry », se distingue nettement du précédent et retrouve une variété d’écriture qui replace Jim Capaldi parmi les musiciens capables et inventifs. Pour réaliser cet album, Jim Capaldi s’est entouré de nombreux musiciens de passage, disponibles au gré des studios qui accueillaient Capaldi au cours de ses déplacements en tournée. Ça circule donc pas mal dans les cabines d’enregistrement, mais on peut noter la présence d’un noyau d’accompagnateurs : Chris Parren (claviers), Andy Newmark (batterie), Mel Collins (saxophone), Vicki Brown (chœurs), ainsi que les plus célèbres Simon Kirke (ex-batteur de Free), Reebop Kwaabu Bah (percussions) et Steve Winwood (synthétiseur), tous deux ex-collègues de Jim Capaldi dans Traffic.
À l’époque, en 1981, Jim Capaldi est très impliqué dans les actions en faveur des populations défavorisées du Brésil. Son épouse Aninha vient de Rio de Janeiro et elle œuvre pour améliorer la vie des favelas, bidonvilles de Rio où la population subit la misère en oubliant son malheur dans la danse et le football. Il n’est donc pas étonnant de trouver quelques chansons parlant des oubliés des Amériques, que ce soient les Indiens (« Let the thunder cry », morceau bien rock qui ouvre l’album) ou les pauvres du Brésil (« Favella music »). L’album « Let the thunder cry » se veut plus concentré sur le rock et la pop mais garde néanmoins dans ses recoins quelques belles ballades dont Jim Capaldi a le secret. Entre « Child in the storm », la superbe « Warm » (qui sera souvent joué dans les feuilletons à l’eau de rose de la télé brésilienne) et « Old photographs », Jim Capaldi expose toute la palette de sa formidable sensibilité et couche sur la partition trois titres à placer les jours de Saint-Valentin pour être sûr d’emballer.
Capaldi parvient aussi à éviter l’enlisement dans la gentille bluette en renouant avec des morceaux plus rock. On avait commencé avec un nerveux « Let the thunder cry », on poursuit avec un « Dreams do come true » que n’aurait pas renié Dire Straits et on termine surtout avec un « Anxiety », dégoulinant de boogie rock stonien imparable. Au passage, il ne faudrait surtout pas oublier la très convaincante reprise de « Louie Louie », qui vient ranger Jim Capaldi dans la famille des 3214 artistes ayant repris cette chanson. Ici, on est dans le rythme bien carré, la guitare tranchante assortie d’un solo irréprochable, ce qui rend cette version digne de celle des Kingsmen, Paul Revere & The Raiders, Motörhead, Iggy Pop, Heavy Cruiser et autres Flaming Groovies.
Le label Esoteric a comme à son habitude prévu quelques titres bonus. « Bright fighter » est la face B du single « Child in the storm » et, comme la face A, est une douce ballade. On trouve aussi une version alternative de « Favella music » ainsi qu’une nouvelle version de « Low sparks and high-heeled boys », qui s’ajoute à celle figurant déjà en bonus de la réédition de « Sweet small of success ».
Cette période du début des années 80 a été pour Jim Capaldi une phase un peu plus modeste en termes de chiffres de vente. Ses deux albums « Sweet smell of success » et « Let the thunder cry » s’écoulent en quantités modestes, mais l’album « Fierce heart » de 1983 permettra à Capaldi de revenir sur le devant de la scène avec son hit « That’s love », 28e dans les charts américains.
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2329
Sortie: 2012/05/28 (réédition, original 1981)
