MARDUK – Serpent Sermon
Marduk commence tout doucement à être un des plus anciens groupes de la scène black metal. Le groupe suédois affiche désormais 22 ans de bons et loyaux services dans la croisade païenne menée par ces délicieux groupes de black metal, amis de la poésie, esthètes sensibles et fleuristes admirés par les associations de grand-mères catholiques.
En se fendant de ce douzième album studio en vingt ans, Marduk poursuit une discographie qui a toujours attiré le respect du public black metal, notamment avec sa trilogie « Nightwing » (1998), « Panzer Division Marduk » (1999) et « La grande danse macabre » (2001), albums qui évoquaient respectivement le sang, la guerre et la mort, les trois thèmes qui reviennent en permanence dans l’œuvre des Suédois maquillés par Ripolin. Dans « Serpent sermon », Marduk reprend les idées qui lui sont chères : guerre, atrocité, mort, destruction et, bien sûr, satanisme. C’est du moins ce que l’on peut essayer de deviner dans le chant déformé et hurleur de Mortuus, à qui est revenu la difficile tâche de remplacer le chanteur Legion en 2004.
Revenons justement sur les changements de line-up qui ont émaillé l’existence de Marduk. Legion a longtemps été le vocaliste du combo (1995-2004) et c’est le guitariste Morgan qui est le seul élément survivant de la formation d’origine, voyant passer autour de lui bassistes et batteurs. Finalement, Marduk s’est stabilisé entre 2004 et 2005 autour de Morgan, Mortuus, Devo (basse, en tant que membre fondateur de retour après une longue absence) et Lars B. (batterie). Cette formation est responsable des récents « Rom 5:12 » (2007) et « Wormwood » (2009), qui avaient reçu un accueil favorable dans la presse spécialisée.
Dans « Serpent sermon », on retrouvera le même niveau de qualité qui avait présidé aux destinées des disques des dernières années. Quand je parle de qualité, je m’adresse aux fans de black metal qui trouveront ici un bon album, peut-être un album génial pour ceux qui ont une connaissance poussée de ce style, ce qui n’est pas mon cas. Le black n’a jamais été ma tasse de thé alors que j’apprécie bien le death metal, le grindcore ou le doom metal, allez savoir pourquoi. Satan ne m’a sans doute pas accordé le pouvoir de comprendre ce qui se cache derrière des batteries frappant en permanence à 4000 coups/minutes, des riffs monolithiques joués à toutes vitesses et un chant caverneux et vomissant dont on ne pige rien aux paroles.
Et pourtant, il faut admettre que ce « Serpent sermon » arrive aussi à séduire le profane dans une certaine mesure. Après « Serpent sermon » et « Messianic pestilence », les deux premiers morceaux qui tombent à pieds joints dans tous les poncifs du black metal, Marduk ouvre un peu le jeu en ralentissant certains rythmes, en posant des ambiances plus angoissantes (« Into second death »,« Temple of decay ») et en ferrant à nouveau l’auditeur sur du rythme lourd et rapide distillant des breaks qui savent y faire (« Damnation’s gold », « Hail Mary », « Gospel of the worm »). Avec quelques écoutes, il faut bien admettre que Marduk a su ménager la coexistence entre l’extrémisme du black metal et la puissance dévastatrice et un peu plus subtile du death metal. Tout cela reste évidemment affaire de spécialistes du black et du death metal. Ça ne concernera pas les fans des Kings Of Leon mais ça pourra néanmoins intéresser les métallurgistes non affiliés au syndicat black metal qui voudraient approcher un peu le style sans y laisser leurs tympans et leur raison.
Pays: SE
Century Media
Sortie: 2012/05/25
