R.E.M. – Around The Sun
Sur « Around The Sun », Peter Buck, guitare, Mike Mills, basse, claviers, et Michael Stipe, voix, forment R.E.M. (pour Rapid Eye Movement), qui a été à la base de l’alternative rock. Bill Berry est parti en 1997. Depuis, le groupe marque un peu le pas et semble à la recherche de sa nouvelle voie.
Parmi les invités figurent Scott McCaughey (The Young Fresh Fellows), multi-instrumentiste, Ken Stringfellow (Posies), guitare, claviers, melodica, Bill Rieflin (Ministry), batterie, Jamie Candiloro, engineer, guitare, Hahn Rowe, compositeur de musique de film, et Q-Tip, chanteur rap.
L’album, dont la photo de couverture est lourde de signification, est produit par Pat McCarthy et R.E.M.. Il se situe dans la continuité des derniers albums et propose des titres rock classiques teintés de nostalgie et engagés politiquement. On pourrait y trouver une similitude avec l’album de Mark Knopfler, où manque un titre-phare. Là s’arrête la comparaison, même si Mike Mills ne voit pas d’un mauvais oeil le manque de succès commercial.
Le très beau « Leaving New York », qui s’appuie sur une mélodie imparable, donne le ton : le début de cet album est mélancolique, poétique et hermétique. Les claviers y sont omniprésents. Il y exprime sans doute ce que provoque sur lui la société américaine actuelle : un cafard monstre. Quelques dissonances émaillent « Electron Blue », titre pourtant classique à la mélodie agréable mais qui manque un peu de punch. C’est néanmoins un des bons titres de cet album.
Quelques effets électroniques sont parsemés sur « The Outsiders », avec le chanteur de rap Q-Tip. C’est une petite merveille qui allie mélodie irrésistible, jeu parfait des musiciens et climat plein de nostalgie, autant d’ingrédients nécessaires et suffisants pour en faire un must. Bien qu’il ne manque pas d’atouts, « Make It All Okay » est plus faible sur le plan musical. Cela tient sans doute à l’absence de rythme dynamique auquel R.E.M. nous a habitués.
« Final Straw » est une chanson engagée sortie lors de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis. C’est une sorte de pamphlet contre l’administration américaine et un refus de la suivre dans ses errements intéressés. Il y a quelque chose d’enjoué, pourtant, sur ce morceau, comme pour conjurer le mauvais sort.
« I Wanted To Be Wrong » est un titre qui dégouline d’un spleen pas possible, mais qui se laisse écouter sans déplaisir. Comme les barbares, on détruit ce que l’on ne comprend pas. C’est un relevé de l’état de la nation et des états d’âme d’un patriote devant ces faits. Un patriote qui n’est pas d’accord avec la direction prise par la tête de son administration …
Beaucoup plus tonique, « Wanderlust » est un morceau pop psychédélique digne des Beatles. Il tente de secouer le cocotier sur un rythme plus dynamique mais arrive seulement à prouver qu’il n’est pas à sa place.
Sur une très belle musique qui rappelle Neil Young, « Boy In The Well » renoue avec le côté nostalgique et déprimant de l’album. « Mes nouveaux amis m’apportent des choses dont je n’ai jamais rêvé » est une critique à peine déguisée de la politique de répression US. Et c’était avant la réélection … Le pire est sans doute à venir.
Sur une autre belle mélodie saupoudrée de mélancolie dont il a le secret, « Aftermath » ressort nettement. In a universe where you see the worst… Dans un univers où on peut voir le pire … Les plantes ont soif. C’est une métaphore pour signifier que l’humanité aspire à autre chose que ce qui lui est offert pour le moment.
Quelques dissonances aussi sur « High Speed Train », titre classique. Tournons le dos à la guerre, à la haine et au passé : faisons place à l’amour. Un message qui n’a pas été entendu, malheureusement, et qui nous poursuivra encore longtemps. Quatre ans, pour être précis. La durée d’un mandat de président des Etats-Unis.
Hormis les gimmicks électroniques, « The Worst Joke Ever » est un titre qui ne comporte guère de particularité par rapport à l’ensemble du CD. On y perçoit du désenchantement sur lequel l’espoir perle malgré tout. C’est d’ailleurs le cas tout au long de l’album. Soyons clairs : déception ne rime pas avec désespoir.
Très doux et acoustique au début, le mid tempo « The AscentOf Man », souligné par la voix décidée de Michael Stipe, voit hélas déferler un déluge de claviers qui gâche un peu le plaisir. Encore une belle mélodie pour « Around The Sun » qui apparaît pourtant comme le maillon faible, malgré son classicisme. Mais c’est sans doute cette impression de déjà entendu …
En résumé, c’est un album de la maturité, de qualité, bien fait mais pas innovant pour un sou. Les fans qui ne demandent rien d’autre seront à la fête et l’apprécieront à sa juste valeur.
Pays: US
Warner Bros. Records 9362-48911-2
Sortie: 2004/10/01