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TWIN ARROWS – Twin Arrows

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Twin Arrows vient de Paris et est composé d’Éléonore Michelin (chant), Alexandre Saumont (guitare, chant et orgue), Aurélien Indjoudjian (guitare et chant), Jean-Marc Filipe (basse) et Rémy Zurmely (batterie). Jusque-là, rien d’anormal, tout est sous contrôle. Là où ça commence à frétiller, c’est dès les débuts de ce premier album, excellent amalgame de rock bluesy et classique et de sonorités post-punk convaincantes et maîtrisées. On remarque d’emblée les guitares qui insufflent une colère tendue et précise, auxquelles il faut ajouter le chant colérique et souple de la chanteuse.

Twin Arrows abat rapidement ses cartes sur la table, histoire de jouer franc jeu. Oui, il y a du Doors bluesy de l’époque « L.A woman » dans le paquet, il y a aussi quelques valets dangereux hérités du Black Rebel Motorcycle Club ou des Black Angels, et des dames qui aiguisent un chant en provenance directe des Kills et de Dead Weather. Ces deux groupes abritent la même chanteuse, la troublante Allison Mosshart dont la chanteuse des Twin Arrows semble être sortie de la cuisse. On ne s’en plaindra pas car dans le genre rugueux et séduisant, ces deux-là se valent et rivalisent de talents troubles. Il est loin le temps où les Français chantaient des chansons anglaises en yaourt avec un accent marseillais ou berrichon. J’aurais pourtant mis ma main à couper que les Twin Arrows étaient Anglais ou Canadiens anglophones mais ce sont des Français pur jus.

Afin de mieux aborder la musique des Twin Arrows, on citera quelques mots écrits par le peintre Nicolas Pol, qui illustre la pochette de l’album : « Passant aisément d’une forme de minimalisme à des hauteurs baroques, riffs et mélodies se meuvent, braillards, langoureux, dessinant toujours un paysage incantatoire et cinématographique ». Cette description imagée colle bien à ce que font les Twin Arrows. Entre blues hanté et aride (« Track trombone », « Jinx »), ruades de guitares en glissando (« Injured night »), folk désespéré et mystique (« Hey day ») ou invocations électro-garagistes (« Sleepwalker’s burn »), les Twin Arrows affichent une maîtrise totale de leur espace musical.

Le groupe impose ce genre d’ambiances bluesy et nerveuses dans la première partie de son album et au moment où l’auditeur pense avoir fait le tour de la question, les Twin Arrows rebattent les cartes et changent la donne. Avec « White room » et surtout « Never know », on passe à du plus méchant, de l’électrifié, du menaçant. Les guitares tirent le brelan d’as et décochent des sons saignants. Éléonore Michelin semble s’être métamorphosée en une PJ Harvey des débuts, rageuse et insolente, ce qu’elle confirme sur le chaloupé et ténébreux « Cassandra’s loteria ». Le dernier morceau est sans doute décalé par rapport à la puissance générale du disque, avec une petite country nonchalante qui vient illustrer « The woods ». On aurait espéré un final plus en phase avec la haute volée électrique qui a habité tout l’album jusqu’à présent. Mais comme le voyage a de toute façon été fantastique, on ne boudera pas trop son plaisir et on adhérera sans modération à la vision du monde selon les Twin Arrows.

Pays: FR
Twin Arrows Production (autoproduction)
Sortie: 2012/04/06

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