LINDISFARNE – Back and fourth
Avec Fairport Convention, The Incredible String Band et Pentangle, Lindisfarne a compté parmi les plus importantes formations de la scène folk-rock anglaise. Formé en 1967 à Newcastle-upon-Tyne, ce groupe tire son nom d’une île sainte située non loin de là et qui est une sorte de Mont-Saint-Michel britannique. Au début appelé The Downtown Faction, il devient Brethren en 1968 puis Lindisfarne en 1970, lorsque Alan Hull rejoint le groupe, composé jusqu’alors de Ray Jackson (chant, mandoline, harmonica), Simon Cowe (guitare, mandoline, banjo), Rod Clements (basse, violon) et Ray Laidlaw (batterie).
Lindisfarne signe chez le label Charisma peu après et sort son premier album « Nicely out of tune », toujours en 1970. Ce premier album fait une entrée discrète dans le paysage folk rock mais se retrouve dans les charts deux ans plus tard grâce au succès du deuxième album « Fog on the Tyne », qui se classe carrément premier au printemps 1972. Cet album établit Lindisfarne comme l’un des leaders du folk anglais, une position qui ne se dément pas avec le troisième album « Dingly dell », classé cinquième à la fin de la même année.
La bonne entente au sein de Lindisfarne commence à s’effriter au cours d’une tournée australienne en 1973 et une partie des membres quitte le groupe. Cowe, Clements et Laidlaw partent former Jack The Lad, qui sortira quatre albums entre 1974 et 1976. De leur côté, Hull et Jackson continuent Lindisfarne avec d’autres complices et produisent les albums « Roll on, ruby » (1973) et « Happy daze » (1974). Mais finalement, peu après cet album, Lindisfarne se désagrège une première fois.
Quatre ans plus tard, le line-up original se reforme pour sortir ce « Back and fourth », qui joue sur les mots du retour et du quatrième album pour les membres originaux de Lindisfarne. Lorsqu’il y a reformation, deux choses peuvent arriver : le groupe sort un bon album ou le groupe sort un album décevant, second cas qui arrive souvent lorsque l’on reforme un groupe pour des raisons financières parce que les autres projets parallèles ou solos n’ont pas fonctionné. Avec « Back and fourth », Lindisfarne bénéficie de son prestige d’antan et parvient à réunir autour de lui suffisamment de ventes pour atteindre la 22e place des charts anglais en juillet 1978. C’est Gus Dudgeon (connu pour sa collaboration avec Elton John) qui produit l’album.
Il ne faut donc pas s’étonner de trouver sur « Back and fourth » des sonorités eltoniennes qui impriment au disque un côté pop agréable, pas méchant, peu aventureux et qui se rapprochent des grosses pointures anglaises de la fin des Seventies, Supertramp et Fleetwood Mac en tête. Pas de quoi fouetter un tyrannosaure, donc, mais des mélodies west coast et country qui chatouillent les oreilles d’une plume légère et qui s’éloignent foncièrement de ce que faisait Lindisfarne à ses débuts. « Juke box gypsy » démarre les propos en plaçant le niveau d’énergie et l’électricité au maximum de l’album. C’est le titre le plus nerveux du disque et cela sonne comme un bon petit Supertramp, vous voyez tout de suite à quel niveau on se situe. « Warm feeling » et « Woman » oscillent entre country nostalgique et pop unifiant à la fois Ten CC, Fleetwood Mac et Elton John. On reste dans le même ton avec « Only alone » et « Run for home », alors que « Get wise » se veut plus menaçant mais ne dépasse pas le lancer de pierres. « Marshall Riley’s army » est un titre intéressant qui évoque une marche de protestation contre la pauvreté et le chômage s’étant déroulée en octobre 1936 dans le nord-est de l’Angleterre. C’est la seule chanson véritablement folk de ce disque. Deux belles ballades au piano typiquement eltoniennes terminent l’album.
Cette reprise des activités de la part du line-up original de Lindisfarne laisse donc un peu sur sa faim, surtout en raison de son manque d’innovation et d’esprit d’aventure. On sent trop la marque du producteur Gus Dudgeon, et quand un groupe se fait damer le pion en studio par son producteur, ce n’est jamais bon signe. Cependant, Lindisfarne se rattrapera l’année suivante avec son album live « Magic in the air », qui fait office de très bon best of. Le label Esoteric Recordings publie une réédition de « Back and Fourth » comprenant deux bonus, des titres sortis en face B des 45 tours « Run for home/Stick together » et « Juke box gypsy/When it gets the hardest ». Ces deux chansons sont dans la même veine que l’album.
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2313
Sortie: 2012/02/27 (réédition, original 1978)