O EMPEROR – Hither Thither
Il arrive que certains groupes pourtant très populaires dans leur pays natal mettent un certain temps avant de réussir à s’exporter sérieusement. C’est le cas notamment de O Emperor dont le premier album, « Hither Thither », est sorti en Irlande en octobre 2010 et arrive seulement ces jours-ci dans les bacs sur le continent. Pourtant, ces natifs de Waterford avaient toutes les cartes en main pour exploser directement. Un contrat avec une major, une tournée en première partie de Mumford & Sons et une apparition au célèbre festival SXSW d’Austin étant les plus significatives. Qu’à cela ne tienne, la patience est parfois la meilleure des vertus et ce délai à sans doute permis à Paul Savage (chanteur guitariste) et ses compères de gagner autant en expérience qu’en maturité avant de faire le grand saut.
Après tout, Muse (la comparaison qui saute à l’esprit à l’écoute de « Don Quixote », la plage d’intro) n’a pas mis le monde entier à ses genoux en un claquement de doigts. Ceci dit, l’influence des débuts de la bande à Matt Bellamy va régulièrement s’inviter tout au long du disque, l’excentricité en moins. On pense aux intonations du chanteur (« Po »), au piano subtil (« Heisenberg ») ou aux envolées de guitares (« December »), quand ce n’est pas tout à la fois (« The Fat Lady Sings »). Mais il est nécessaire de tempérer car O Emperor possède une réelle personnalité et ne se borne pas à plagier le trio de Devon.
« Sedalia » et « Catch-22 », par exemple, se basent sur une structure peu conventionnelle qui s’inspire des mélodies sucrées des 60’s tout en maximisant les arrangements classiques harmonieux. Un peu plus loin, « Taloned Air » nous laisse entrevoir ce que serait devenu Razorlight si Johnny Borrell n’avait pas passé son temps à impressionner son ex en rentrant à moto dans son salon. Quant aux cuivres qui jalonnent « All Worked Out », ils donnent un cachet aussi surprenant qu’inattendu à la composition. Ceci dit, le fait d’avoir attendu près de dix-huit mois n’est pas nécessairement une mauvaise chose en soit puisqu’« Hither Thither » est désormais publié avec deux titres en bonus: « Some Small Matter » qui clôture traditionnellement leurs prestations live d’une façon incendiaire et une version live toute en douceur de « Sedalia » enregistrée en compagnie du RTE National Symphony Orchestra. On le voit, tout est désormais en place pour permettre à O Emperor d’enfin partir à la conquête de l’Europe occidentale…
Pays: IE
K&F Records
Sortie: 2012/03/02