GRIMOON – Le déserteur
Grimoon voit le jour en Italie en 2003 autour d’Alberto Stevanato (chant, guitare), Solenn Le Marchand (chant, synthétiseur, percussion), Claudio Favretto (orgue, accordéon), Andrea Iseppi (violon), Samuele Giuponi (batterie) et Erik Ursich (basse). Solenn Le Marchand est française et le parti est pris d’office d’écrire les textes des chansons en français. Un premier EP du nom de « Demoduff#1 » sort en mai 2004 et le groupe commet en 2005 ses premières sorties sur des scènes étrangères en participant au festival de Sziget (Hongrie) et en entamant une première tournée allemande. C’est en 2006 que commence la relation de Grimoon et du groupe Black Heart Procession, qui l’accueille en première partie de ses concerts. C’est aussi en 2006 que sort le premier album de Grimoon, « La lanterne magique » qui va exposer une particularité très originale du combo franco-italien : la réalisation de vidéos adaptées à chacun des morceaux, le tout formant un film complet.
« Les sept vies du chat », deuxième album du groupe en 2008, est produit par Giovanni Ferrario et implique de nombreux invités, dont des membres de Black Heart Procession. Grimoon continue les tournées en Allemagne et signe son troisième album en 2010, un « Super 8 » également accompagné par un autre film, « Neera ». Fin 2010, Grimoon est pour la première fois en tournée américaine et enregistre son nouvel album « Le déserteur » chez Pall Jenkins, leader de The Black Heart Procession. Comme de coutume, Grimoon réalise aussi un DVD d’accompagnement baptisé « Cinematic pop » et qui comprend quinze courts-métrages ainsi qu’un documentaire sur les techniques d’enregistrement de Grimoon.
Ce nouvel album de Grimoon se déroule sur de la dentelle poétique aux accents tout aussi dramatiques que naïfs. Le groupe évoque dans ses textes la recherche de la vérité (« Les couleurs de la vie »), l’homme face à son destin (« La montagne noire »), la dénonciation de la guerre (« Monument aux déserteurs », « Tango de guerre ») ou d’aimables idioties comme les GPS (« Directions »). L’ambiance générale reste fidèle à la conception de la musique que se fait Grimoon, avec ce mélange de poésie tristounette, de magie loufoque et de surréalisme onirique. Les paroles semblent a priori un peu niaises, maladroites, mais avec les écoutes, on découvre chez Grimoon un univers profond, décalé mais humain. Solenn Le Marchand a voulu insister sur le thème de la guerre dans « Le déserteur » en entendant le témoignage de sa grand-mère sur la Seconde Guerre mondiale en Normandie. La guerre est ici traitée en la confrontant à l’espoir mais aussi en la noyant dans la résignation, comme si on ne pouvait jamais complètement en venir à bout.
Grimoon évoque des thèmes graves avec le regard sincère de l’enfant et l’émotion désabusée du clown. Sa musique est en cela très attachante et originale et elle mérite qu’on s’y attarde un peu.
Pays: IT
Macaco Records
Sortie: 2012/03/02