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LITTLE BOB – Wild and deep

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Ah, si Johnny Hallyday n’avait à ce point couvert la scène rock française de son ombre, Little Bob aurait acquis une autre dimension dans l’Hexagone. Little Bob est depuis 35 ans un pilier discret mais indispensable du rock français et il peut s’enorgueillir d’une belle carrière à l’étranger à défaut d’être immense en France. Pourtant, les rockers dignes de ce nom voueront toujours admiration et fidélité à ce petit bonhomme d’origine italienne qui a inscrit la bonne ville du Havre parmi les cités rock. Quand on pense à Manchester, on répond Oasis, quand on pense à Detroit, on pense aux Stooges, et quand c’est Le Havre, c’est Little Bob.

Il y a d’abord eu Little Bob Story au début des années 70, qui sort son premier album en 1976 et est fin prêt pour impressionner l’Angleterre punk de l’époque. Little Bob Story n’est pas un groupe punk, c’est juste un sacré bon groupe de rock ‘n’ roll qui a le feu sacré et qui brille par la personnalité flamboyante de Little Bob, que l’état civil français connaît aussi sous le nom de Roberto Piazza. Jusqu’à la fin des années 80, Little Bob Story va accumuler les albums volcaniques que sont « High time » (1976), « Living in the fast lane » (1977), « Come see me » (1978) , « Light of my town » (1980), « Vacant heart » (1982), « Too young to love me » (1984) ou « Ringolevio » (1987), avec la participation de Lemmy de Motörhead.

Mais c’est surtout la scène qui est l’environnement naturel de Little Bob. Et là, le petit rocker n’a jamais déçu. Que ce soit à l’époque Little Bob Story jusqu’en 1989, puis sous la dénomination de Little Bob à partir de cette année-là, Roberto Piazza a toujours mis le feu sur scène, communiquant une fièvre irrépressible au public et l’emportant à vitesse grand V dans le grand circuit rock ‘n’ roll ou tout va toujours plus vite.

On peut se faire une idée de la méthode Little Bob avec sa nouvelle compilation best of « Wild and deep » qui retrace vingt années de carrière (1989-2009) et qui couvre toutes les atmosphères qui siéent à Little Bob. Ce dernier a choisi de diviser cette compile en deux CD distincts, un « wild » qui déborde d’énergie et un « deep » qui est plus introverti, plus mélancolique et plus sentimental. Les morceaux viennent des mêmes albums, studio ou live. C’est ainsi que se présentent au rendez-vous des œuvres comme « Rendez-vous in Angel City » (1989), « Alive or nothing » (1991), « Lost territories » (1993), « Blue stories » (1997), « Libero » (2002), « Live 2003 » (2003), « The gift » (2005), « Live in the dockland » (2006) ou « Time to blast » (2009). L’énorme majorité des titres sont des originaux signés Little Bob mais on reconnaît aussi des reprises des Small Faces (« All or nothing »), de Bob Dylan (« Masters of war ») ou des MC5 (« Kick out the jams »).

Autant dire que les excellents morceaux débordants d’électricité et de feeling se bousculent au portillon et c’est un plaisir de parcourir avec Little Bob ces formidables épisodes d’une vie consacrée au rock et qui n’est pas prête de raccrocher les gants. À 66 ans, le bonhomme est toujours dans le coup et a encore des dents pour mordre. On redécouvre donc un Little Bob incendiaire sur scène en 1991, enjôleur et subtil sur le « Tango de la rue », nostalgique et râpeux sur « Libero » (une chanson qui parle de son père, émigré anarchiste italien ayant fui le fascisme), inquiétant et tranchant sur « Ringolevio ». Le second CD montre un Little Bob touchant qui se penche sur son passé (« Never cried about the past »), qui évoque la solitude (« Nobody’s born to lose »), qui s’enfonce en territoire indien (« Lost territories ») ou qui espère sur la condition humaine (« We all have a dream »). Cette deuxième partie est incontestablement plus recueillie et plus grave et la concentration de chansons lentes et chargées de sens rebutera peut-être ceux qui préfèrent le côté énervé de Little Bob. Mais ces deux aspects couvrent la réalité d’un même personnage riche en inspiration et fort de puissance évocatrice.

Pays: FR
Dixiefrog DFGCD8715
Sortie: 2011/11/14

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