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RANDOM TOUCH – Tributary

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Alors là, il va falloir s’accrocher un petit peu. Avec Random Touch, oubliez tout ce que vous connaissez de la logique, du préconçu, de la normalité ou tout simplement de la musique. Ce groupe américain originaire de l’Illinois produit avec ce quinzième album en douze ans une œuvre totalement inclassable, déroutante, inharmonique, atonale, monophonique, hors du temps. Ceux qui pensaient que le « Lulu » de Lou Reed et Metallica était totalement inécoutable vont le trouver génial et réconfortant après avoir écouté ce « Tributary ».

Les trois vieux babas cool pépères que sont Christopher Brown (batterie), James Day (claviers) et Scott Hamill (guitare) n’en sont pas à leurs débuts avec cet OVNI improbable, puisqu’ils ont déjà commis une pelletée d’albums tous aussi bizarres les uns que les autres. L’humanité leur doit des expériences intrépides comme « Unautomate » (1999), « Place we go » (2001), « Hammering on moonlight » (2002), « A parade of dusty hobos » (2003), « The you tomorrow » (2004), « The elegance of falling » (2005), « Alchemy » (2007), « A true conductor wears a man » (2007), « A box and a word » (2008), « Duologue » (2008), « A way from the heard » (2009), « Turbulent flesh » (2009), « Reverberating apparatus » (2010), « Through the lens of the other dimension » (2010) et enfin « Tributary » (2011).

Ce n’est pas avec leurs royalties sur des millions d’albums vendus ni avec les gains enregistrés lors de festivals géants que ce trio d’hurluberlus fabrique autant d’albums. On les imagine plutôt dans un petit garage de la banlieue de Crystal Lake, bricolant leurs sonorités extra-terrestres avec des instruments d’occasions et gravant eux-mêmes leurs CD artisanaux. En ce sens, c’est magnifique, car Random Touch propage sa vision de la musique sans attendre qu’on veuille bien lui fournir les infrastructures économiques et financières qui vont bien. Il crée, c’est tout. Mais pour saisir leur création, il va falloir suivre des cours d’acclimatation à leur vision musicale qui plane à 200 000 pieds au-dessus de nos petits cerveaux formatés à la musique prévisible et désespérément logique. Solos de casseroles, déambulations dans des forêts de clochettes, recherche de l’anti-accord absolu, piano gavé de balles de ping-pong, résonnance magnétique : tout défie l’imagination et le bon sens.

Les plus courageux tiendront les deux CD d’une heure chacun que représentent « Tributary », soit 23 titres qui feraient passer Frank Zappa pour de la musique militaire bavaroise. Ils pourront, comme ceux qui ont écouté les 52 minutes du morceau « Jerusalem » de Sleep, le mettre dans leur CV. Les autres, les fuyards, les logiques, retourneront à Bruce Springsteen ou Mötley Crüe, mais on ne leur jettera pas la pierre pour autant.

Pays: US
Token Boy Records TBR 53834
Sortie: 2011

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