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MOORE, Gary – Live at Montreux 2010

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Décédé en février dernier, Gary Moore laisse un trou béant dans la galaxie rock. Cet Irlandais au caractère bien trempé et au faciès de bagnard évadé avait dans les doigts un incroyable talent qui l’a porté sur les plus hauts échelons de la hiérarchie des guitar-heroes. À l’instar de son compatriote Rory Gallagher, Gary Moore était capable de tout avec une guitare. On l’aperçoit pour la première fois à l’âge de 17 ans dans un petit combo rock du nom de Skid Row, à la toute fin des années 60 (rien à voir avec la formation hard FM des années 80/90, évidemment). Gary Moore est aussi pote avec une autre sommité du rock irlandais, Phil Lynott, leader des non moins mythiques Thin Lizzy. C’est donc régulièrement que l’on verra Gary Moore venir prêter main forte à Thin Lizzy au cours des années 70 (le fantastique album « Black rose » en 1979) puis que l’on assistera à des duos bien sentis entre Moore et Lynott durant les années 80 (la chanson « Military man », par exemple).

Gary Moore a forgé des pans entiers du hard rock irlandais au cours des années 70 mais il était aussi capable d’exceller dans d’autres genres. On le voit ainsi fricoter avec le jazz-rock sur un album de Gary Boyle en 1978, après avoir servi en 1975-77 dans Colosseum II, projet rock progressif de Jon Hiseman, leader de Colosseum au début des Seventies. Gary Moore effectue ses premiers pas en solo avec l’album « Back on the streets » en 1978, prélude à une carrière qui va briller au cours des années 80, dans la catégorie hard rock et sa suite d’excellents albums « Corridors of power » (1982), « Victims of the future » (1983), « Run for cover » (1985), « Wild frontier » (1987) ou « After the war » (1989).

À l’aube des années 90, Gary Moore étonne ses fans en faisant volte-face et en se tournant vers le blues pur et dur. Avec « Still got the blues », Gary Moore entame une carrière de bluesman et semble avoir renié son passé de pyrotechnicien du hard rock. Et c’est parti pour une dizaine d’albums où le guitariste balafré expose sa vision du blues et brille toujours autant à la guitare, mais dans un registre différent.

Vers la fin de sa vie, Gary Moore était retourné à ses premières amours rock et avait diversifié son répertoire sur scène. C’est ce que l’on peut entendre sur ce « Live at Montreux » enregistré en 2010 au cours du célèbre festival suisse qu’il n’est plus utile de présenter. Les séries « Live at Montreux » se multiplient ces derniers temps et permettent de redécouvrir de fabuleux moments offerts par de très nombreuses stars du rock et du blues. La qualité de cette série est bien sûr au rendez-vous avec ce concert de Gary Moore, formidable moment de rock et de blues, où le bon Gary nous sert la crème de son répertoire. C’est même plutôt de rock dont il s’agit ici, avec des versions aurifères de « Over the hills and far away », « Military man », « Out in the fields » ou le fantastique « Parisienne walkways », ballade que Gary Moore jouait souvent avec Phil Lynott. On reste aussi subjugué par la splendeur de « Where are you now » (une question que l’on pourrait maintenant poser à Gary Moore) et l’on déguste avec bonheur une version touchante de « Empty rooms » (qui démarre avec une ambiance typique à la Gary Moore : guitare languissante sur nappes de synthétiseurs veloutés). L’homme sait toujours aussi bien dévaler son manche et assène du solo chevaleresque pour le plaisir de tous les petits et les grands.

Dans l’ensemble, Gary Moore interprète ici ses titres hard rock les plus matures et évite la furie pompière de morceaux issus des albums du début des années 80, comme « Rockin’ every night » ou « Murder in the skies », par exemple. Il privilégie aussi quelques morceaux de facture celtique, comme « Oh wild one » ou « Blood of emeralds ». Il en résulte un live classieux, superbe, riche en grands titres de Gary Moore, une sorte de best of trois étoiles de ce Monsieur de la guitare, un des meilleurs de sa génération et qu’il ne faudrait pas trop vite oublier.

Pays: GB
Eagle EAGCD434
Sortie: 2011/09/20

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