HUBBARD, Roger – Out of my hands
Impressionnante carrière que celle de Roger Hubbard, bluesman ayant commencé sa carrière en 1971 et ayant réalisé jusqu’à présent le chiffre insensé de… deux albums. Vu la qualité de son nouvel album « Out of my hands », il faudra trouver des explications à cet étrange silence et cet éloignement du bonhomme par rapport à la notoriété. Roger Hubbard est né en 1950 à Brighton, il est donc Anglais, mais cette caractéristique n’est pas une tare pour un bluesman. On pense tout de suite que le blues ne peut s’épanouir aux États-Unis, mais c’est oublier que les Britanniques ont aussi tenu la dragée haute aux Américains durant les années 60, avec le fameux British Blues Boom, généré par des parrains comme John Mayall, Alexis Korner ou Graham Bond, puis relayé par une nouvelle génération représentée par les Rolling Stones, les Yardbirds, Fleetwood Mac, Savoy Brown, Chicken Shack, les Groundhogs, Free, Led Zeppelin et bien d’autres. Donc en matière de blues, les Anglais prétendent et ont prouvé leurs lettres de noblesse en la matière.
Alors pourquoi un type comme Roger Hubbard, qui sort son premier album en 1971 (« Brighton Belle blues ») et qui est encensé par Muddy Waters, pour qui il ouvre au Gardener Center de Brighton en 1971, se retrouve-t-il loin des lauriers du blues et de la gloire légitime qu’il aurait pu obtenir ? La réponse, qui n’en est pas une, pourrait être : et si Roger Hubbard se moquait de tout cela ? Si son plaisir total était simplement de jouer sa musique dans son coin et de profiter des bons moments de la vie, loin de la folie s’emparant des stars et de la pression des maisons de disques ?
C’est une possibilité, mais ce qui est plus important encore, c’est de découvrir et d’apprécier son nouvel album « Out of my hands », quand même déjà sorti en 2007 sur le label personnel de Roger Hubbard, Deep Mud Records, mais qui bénéficie d’une réédition en 2011 par la maison allemande Taxim Records, ce qui va permettre de découvrir Roger Hubbard dans une zone géographique plus grande que le triangle Brighton – Worthing – Burgess Hill. Ce que nous propose Roger Hubbard ici, c’est un blues simple, dépouillé (« Stuck »), proche du folk (« Out of my hands »), où sa maîtrise de la guitare slide se dispute parfois avec des intonations dylanesques (« Lodestone rainbow »). On sent parfois planer les accents folk anglais de Led Zeppelin à l’époque de son troisième album (« Turnaroud day ») ou des groupes phare de ce mouvement, à savoir Incredible String Band, Donovan, The Trees ou Tir Na Nóg (« Sorrow inside »).
Roger Hubbard associe parfaitement les lignes de force du blues américain et du folk celtique et les fait se rencontrer dans une conclusion logique : ces musiques parlent de la même chose, de la vie, de l’amour, de la détresse et de la joie, de notre condition sur terre. C’est beau, c’est simple, c’est rassurant.
Pays: GB
Taxim Records TX 1068-2 TA
Sortie: 2011 (réédition, original 2008)