NORTH ATLANTIC OSCILLATION – Grappling Hooks
Revoilà ces étranges musiciens qui avaient illuminé le Trix d’Anvers lors de la première partie du show de Blackfield. Ces Écossais nous avaient offert un set énergique et survolté où se mélangeaient rock hargneux et musique électronique. Le public avait d’ailleurs pris rapidement la température dégagée sur scène, ce qui avait permis de lancer la machine pour le groupe d’Aviv Geffen et de Steven Wilson. Ce dernier ayant eu je pense, le nez fin en dénichant ce band et en l’intégrant au sein de son écurie Kscope.
Revenons tout d’abord à la musique pratiquée par ce trio composé par Sam Healy, Ben Martin et Bill Walsh. Celle-ci est un véritable kaléidoscope musical où s’entremêlent du rock classique, de l’indus, de la musique électronique, tout cela complétés par des choeurs à la Beach Boys ! Une savante alchimie à première vue atypique que l’on pourrait aussi bien classer dans le rock alternatif ou le rock progressif et psychédélique. C’est un peu comme si Electric Light Orchestra venait percuter de plein fouet Pearl Jam. Un électro-rock réalisé à partir d’une guitare tranchante, de claviers aériens et d’une section rythmique percutante. En fait, North Atlantic Oscillation a trouvé et développé son propre créneau, sa propre marque de fabrique. Une marque qui a déjà laissé des empreintes indélébiles en regard des nombreuses chroniques établies à propos de ce premier opus. Celui que nous chroniquons ici est en réalité paru au départ en 2010, et une seconde version fût réalisée en mai 2011 avec en bonus divers remix et des versions enregistrées lors de sessions à la BBC.
Avant tout soyons clair, il me paraît difficile, voire impossible, de vous décrire toutes les subtilités de chaque plage tant l’arc-en-ciel sonore est vivement coloré. La liste des informations et des références fournies sera bien sûr non exhaustive. À chacun de se faire sa propre idée au fil des écoutes. « Marrow » débute sur un chant à la Sigur Ros avec les claviers qui suivent. La batterie industrielle et les synthés virevoltent. Cette courte intro est bien rythmée et entraînante. « Hollywood Has Ended » démarre tel un Pink Floyd avec la guitare acoustique et un chant planant. Le rythme s’accélère grâce aux synthés et à la batterie. Cette plage accrochera rapidement. « Cell Count » est une composition où se mélangent l’indus, l’électro et un rock énergique. On tape volontiers du pied sans s’en rendre compte. Une composition percutante ! « Some Blue Hive », rythmé par la batterie, proposera quelques passages aériens. La plage s’envolera au fur et à mesure du timming pour monter en puissance. « Audioplastic », rythmé également, présentera une alternance de passages plus hard et des passages plus planants. La guitare y est excellente. « Ceiling Poem » démarre au calme puis s’ouvre sur une belle mélodie lancinante, elle-même englobée dans un rock survitaminé.
« 77 Hours » est sans conteste le plat de résistance de cette rondelle. Morceau accessible et entraînant dès les premières notes de claviers, celui-ci fera un malheur aussi bien sur le net, sur scène et en radio. Une composition qui me paraît aboutie et qui pourrait mettre le combo sur un même pied d’égalité que les Radiohead ou les Muse ! Une chanson qui a d’ailleurs cassé la baraque lors du concert à Anvers. « Star Chambers » nous présentera un gros travail au niveau des synthés et surtout, au niveau de la batterie. Pour « Drawing Maps From Memory », ce sont les choeurs et la guitare qui seront mis à l’honneur. Vous pourrez également apprécier deux autres compositions que je vous laisse découvrir au gré de ce voyage acoustique. Le second CD sera également une belle découverte avec des versions parfois plus expérimentales, parfois plus brutes telles celles délivrées lors de sessions à la BBC. On découvrira un côté encore plus fouillé au niveau de l’instrumentation proche d’un No Man ou d’un Porcupine Tree.
Venons-en au constat, North Atlantic Oscillation a un réel gros potentiel. Un devenir certain qui va déjà en partie se concrétiser par cette tournée en compagnie de Blackfield. Gageons que Steven Wilson saura faire éclore ce futur grand groupe qui pourrait toucher un vaste public parmi les jeunes, mais aussi parmi les puristes et tous ceux qui savent avoir une oreille avisée sur les nouveaux courants musicaux. NAO au même titre qu’Ulver ou Sun Domingo fera bien partie du paysage rock des prochaines années. Concernant l’appréciation de ce double opus, je me rallie à l’avis des divers critiques anglo-saxons qui auront accordé un huit sur dix d’encouragements. Les Écossais feront mieux encore la prochaine fois, c’est sûr !
Pays: GB
Kscope Records 171
Sortie: 2011/05/09 (réédition, original 2010/03/22)