CALVI, Anna – Anna Calvi
Illustre encore inconnue voici à peine six mois, Anna Calvi semble désormais bien ancrée dans le paysage musical indépendant au point qu’il sera difficile de passer à côté d’elle lorsque viendra le moment de décerner les récompenses de l’année 2011. Fille spirituelle de Nick Cave (ce dernier l’invitera à jouer en première partie de son groupe Grinderman) et de PJ Harvey (elles partagent notamment le même producteur, Rob Ellis), c’est toutefois à Bill Ryder-Jones, l’ex-guitariste de The Coral que revient la palme de la découverte et le petit coup de pouce pour convaincre le dynamique label Domino de la signer. Mais c’est d’abord et avant tout le talent de cette charmante Londonienne qui est à la base de ce vent de fraîcheur, en n’oubliant pas de mentionner Mally Harpaz et Daniel Maiden-Wood, ses fidèles partenaires avec qui elle forme un trio redoutable.
Pourtant, ce premier album éponyme débute de manière presque confidentielle avec un instrumental bluesy à plusieurs facettes, « Rider To The Sea », qui installe une atmosphère presque sinistre, tout en introduisant parfaitement « No More Words », à la voix douce et sensible, pour ne pas dire sensuelle (on voudrait que ce soit à nous qu’elle susurre « Oh my love »). Le légendaire Brian Eno, grand admirateur de la belle, n’hésite pas à la comparer à Patti Smith, ni plus ni moins. On ne sait pas si sa participation au piano (et dans les chœurs) influence notre perception, mais c’est tout à fait la comparaison qui nous saute à l’oreille à l’écoute de « Desire », grâce à une voix nettement plus énergique, voire puissante.
En fait, chaque titre apporte son lot de surprises et de comparaisons avec des dames qui ont marqué le rock. On pense ainsi à PJ Harvey (évidemment) pour « The Devil », à Chrissie Hynde (cela fait longtemps que les Pretenders ont cessé de courir après une perle comme « Blackout ») ou encore à Siouxsie Sioux (« Suzanne And I »). Et que dire de « First We Kiss », majestueuse composition que l’on dirait sortie tout droit de la plume de Burt Bacharach et Hal David, à l’instar d’un envoûtant « I’ll Be Your Man » plein de rebondissements. Quant au magnifique « Love Won’t Be Leaving », parsemé de cordes à arracher des larmes, il ponctue un album que l’on s’empressera de remettre au début. Avec ce disque d’une beauté et d’une intensité rares, Anna Calvi vient d’inaugurer son CV avec énormément de classe. Révélation de l’année 2011 ? Assurément !
Pays: GB
Domino WIGCD260
Sortie: 2011/01/17