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ROWE, Sean – Magic

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L’arrivée de cet album de Sean Rowe a déjà fait vibrer la presse rock. Beaucoup de critiques saluent la venue de ce bonhomme originaire de Troy, État de New York, comme un sauveur et un rénovateur de la folk music. Sa publicité, Sean Rowe la fait à la seule force de son talent. Il n’arrive pas en fanfare à coups de grosse promotion matraquée par une maison de disques multinationale prête à tout pour envahir les marchés. Enfin, ANTI- est quand le label de Tom Waits et de Nick Cave, donc ce n’est pas la première boîte venue mais ce n’est pas non plus Polydor ou Virgin.

On ne connaît en effet pas grand-chose de ce chanteur qui affirme sur son blog être proche de la nature, bien qu’habitant le centre de New York. Il aurait commis un premier album solo en 2003 et aurait fait partie du duo Mudfunk, auteur d’un album live en 2006. Mais il est clair qu’on ne va pas tarder à parler de lui après avoir écouté ce magnifique album qu’est « Magic ». Oui, le nom de « Magic » rappellera aux connaisseurs le titre de l’antépénultième album de Bruce Springsteen et il est également clair que Sean Rowe ne cache pas une certaine admiration pour le Boss, dans ses intonations, dans ses rythmes, dans ses ambiances. L’album « Magic » de Sean Rowe est cependant plus proche du « Nebraska » de Springsteen que ce que ce dernier avait fait dans son « Magic ».

Mais ce qui fait surtout la marque de fabrique de Sean Rowe, c’est sa voix, une voix rugueuse et douce à la fois, profonde et claire, cassée et puissante. Là, il n’y a pas que le travail et le talent qui ont façonné cette voix, il y a aussi un don du ciel. On imagine ce solide gaillard avec son âme d’angelot gracile, réveillant les fantômes de Phil Ochs, de Townes Van Zandt, de Tim Buckley ou de Fred Neil, allant chercher sur ce fameux carrefour de routes où l’on rencontre Lucifer l’inspiration des angoissés, des meurtris de la vie, des amoureux permanents.

Et le voyage commence sur la route tracée par Sean Rowe. « Surprise » ouvre la marche avec douceur et sérénité et la voix caillouteuse et chocolatée de Sean Rowe envoûte d’office. Cette voix est seule, forte, avec juste un accompagnement de guitare et de temps en temps, des nappes de violons qui viennent s’évaporer dans nos oreilles (« Time to think », « Wet »). La mélancolie et l’introspection laissent aussi la place à des titres plus orchestrés, plus dans une veine rock mais toujours savamment maîtrisés, où la voix de Sean Rowe semble se dominer et s’étrangle pour ne pas tout ravager (« Jonathan », « Wrong side of the bed »). On tient ici un grand artiste, et tant pis pour ceux qui viendront dire que Springsteen est plagié : il ne faut pas confondre copie et continuation, duplication et héritage.

Ce disque est intemporel, il aurait pu être écrit en 1969, en 1989 ou dans quarante ans. Il respire le folk, le blues des racines, s’insinue dans les têtes et devient compagnon de route. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il accompagne de nombreux auditeurs éclairés sur les chemins de la vie.

Pays: US
ANTI- 7136-2A
Sortie: 2011/02/21

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