RENAISSANCE – Illusion
« Illusion » est le second album de Renaissance, sorti en 1970. La formation est la même que celle de l’album éponyme de 1969. Enfin, à l’exception du titre « Mr Pine » sur lequel jouent Michael Dunford (guitare), Neil Korner (basse), Terry Slade (batterie) et Terry Crowe (chant), le line-up qui débutera la seconde incarnation du groupe, j’y reviendrai.
Le principe est semblable à celui du premier album : un rock progressif aux connotations folk et classiques marquées. Ces influences sont toutefois plus fondues au rock que sur « Renaissance« , sur lequel les passages classiques et rock se succédaient. Ici, tout se mélange pour donner à l’ensemble un caractère progressif. Les voix aussi sont souvent mélangées sous forme de chœurs. Cela apporte malheureusement une certaine lourdeur, qui était absente du premier opus. Illustration avec l’ultra baroque « Face Of Yesterday ». Vous l’aurez compris, globalement « Illusion » se situe un cran en dessous de son prédécesseur.
Toutefois, je me dois de vous parler du final : « Past Orbits And Dust », pièce canterburienne aux accents jazz marqués, magnifique ligne de basse et tempo de batterie qui n’est pas sans rappeler celui du célèbre « Take Five » composé par Paul Desmond pour le Dave Brubeck Quartet. On y retrouve Jane Relf et sa superbe voix, en solo cette fois, ce qui n’est pas pour déplaire. Une petite perle de jazz-fusion qui justifie à elle seule l’achat du disque.
Lors de la tournée qui coïncidait avec ces sessions d’enregistrement, Jim Mc Carthy se trouva las d’être tout le temps sur la route. Il avait déjà ressenti cela lors de la dernière tournée avec les Yardbirds et voilà que ça recommençait. Ce qu’il voulait c’était écrire des chansons, pas être sans cesse en tournée. Il décida donc de quitter le groupe. Keith Relf ne tarda pas à faire de même, rapidement suivi par John Cennamo. John Hawken recruta alors le bassiste Neil Korner et le batteur Terry Slade venant tous deux des Nashville Teens, son ancien groupe. Il engagea également le guitariste Michael Dunford et le chanteur Terry Crowe. Cette formation fut éphémère et rapidement, John Hawken et Jane Relf quittèrent à leur tour le groupe. La première incarnation de Renaissance avait pris fin.
Le groupe ne cessa pas ses activités pour autant, le line-up cité plus-haut à propos de « Mr Pine » prit la relève, avec en prime une nouvelle chanteuse prodige : Annie Haslam. Les influences classiques furent encore plus importantes dans la musique du groupe que pendant la première époque. La popularité ne diminua pas et en 1973, Renaissance enregistra son plus grand succès à ce jour : « Ashes are burning ». De nombreux musiciens se succédèrent dans le groupe dont un certain John Wetton, mais aussi Mick Taylor (celui des Rolling Stones, si je ne me trompe).
Quant à Keith Relf et Jim Mc Carthy, ils enregistrèrent avec Jane Relf des titres pour un film inédit, « Schizom », dont deux échantillons sont proposés ici en bonus. Après avoir entamé une carrière de producteur, Keith décida de réunir la formation originale de Renaissance, sous l’appellation Illusion, quelques démos furent enregistrées dont une qui clôture ce CD en tant que bonus. Ce furent malheureusement les derniers enregistrements de Keith Relf qui fut électrocuté en jouant de la guitare le 14 mai 1976, ce qui lui fut fatal. Ce titre qui clôture le CD, intitulé « All the fallen angels » vaut vraiment la peine d’être écouté ! On navigue entre Pink Floyd et King Crimson, le chant aigu de Keith donnant un avant-goût de ce que sera celui de John Watts dans Fischer Z quelques années plus tard. Plaisant, vraiment !
Voilà la petite histoire. « Illusion » n’atteint peut-être pas le niveau du premier album, mais « Past orbits of dust » et « All the fallen angels » font de ce cd une pièce à connaître, la note porte sur l’ensemble de l’album original, mais de grâce, passez au-dessus, écoutez ces deux chansons, elles en valent la peine.
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2232
Sortie: 2010/11/29 (réédition, original 1970)