WHITE LIES – Ritual
Deux ans quasi jour pour jour après la sortie de leur excellente première plaque (« To Lose My Life…« ), les Londoniens de White Lies reviennent sous les feux de l’actualité avec un deuxième album forcément très attendu. Et pour cause. Ils ont commencé par atteindre la première place des classements anglais avant de séduire le public grâce à d’intenses prestations live (ils sont notamment passés de la Rotonde à l’AB sold out en à peine six mois). De plus, à l’heure qu’il est, il s’agit toujours de l’unique album à avoir obtenu un 9/10 de la part du rédacteur de la présente chronique.
« Ritual » ouvre donc un nouveau chapitre de la jeune histoire du trio même si, d’un point de vue visuel, on reste dans le même concept que l’on pourrait qualifier de so(m)bre. Il a été conçu de manière assez stricte chez les parents du chanteur Harry McVeigh et a été enregistré à Londres, dans les studios du légendaire Alan Moulder (Depeche Mode, Nine Inch Nails, The Jesus & Mary Chain parmi des dizaines d’autres), qui s’est également occupé de la production en compagnie de leur fidèle mentor Max Dingel.
Le début de l’album répond en tout cas de bien belle manière aux détracteurs qui les comparaient à une vulgaire copie d’Editors ou d’Interpol. Ainsi, « Is Love » amène une certaine légèreté couplée à une palette de rythmes peu conventionnels (dans leur chef en tout cas) qui se succèdent dans un crescendo habilement construit. « Strangers » se démarque via des nappes de synthé presque joyeuses alors que le single « Bigger Than Us » reste un exemple du genre, qui combine un refrain pop accessible à un environnement glacial. White Lies aurait-il drastiquement changé son fusil d’épaule en tentant de devenir mainstream ?
La réponse (négative) arrive assez rapidement car « Peace & Quiet » tout d’abord, « The Power & The Glory » un peu plus loin, plongent dans des contrées un peu pompeuses, comme Tears For Fears l’avait fait à l’époque de l’album « The Seeds Of Love » en 1989. D’ailleurs, lorsque l’on y prête une oreille attentive, certaines intonations d’Harry McVeigh flirtent avec celles de Roland Orzabal, avec pour conséquence d’accentuer le caractère grave des compositions en question. On pourrait également y rajouter le très froid « Turn The Bells », aux passages hypnotiques empruntés à Joy Division (notons toutefois que le fantôme de Ian Curtis ne plane plus aussi systématiquement que par le passé).
Pointons encore « Streetlights », que l’on peut sans doute considérer comme le titre qui fait le mieux la liaison entre les deux plaques et « Holy Ghost » qui bénéficie clairement de la patte d’Alan Moulder. Ce dernier prend en effet un malin plaisir à rendre l’environnement un rien plus nerveux et cela fonctionne assez bien. Quant au titre qui referme le disque, le prenant « Come Down » au tempo ralenti, il permet de définitivement succomber à la voix du leader. « Ritual » n’est pas un mauvais album en soi, mais il était presque couru d’avance qu’il allait pâlir de la comparaison avec son prédécesseur. Quoi qu’il en soit, on ne pourra certainement pas reprocher à White Lies de n’avoir pris aucun risque. Au contraire, beaucoup de leurs contemporains auraient été bien plus frileux qu’eux…
Pays: GB
Polydor Ltd 2751636
Sortie: 2011/01/17