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SOFT MACHINE – Softs

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En 1976, Soft Machine a subi tellement de changements de personnel qu’il se retrouve sans aucun membre original après le départ du claviériste Mike Ratledge. Ce groupe qui a acquis une réputation inébranlable sur la scène rock progressif complexe et jazzy issu de l’école de Canterbury est en 1976 considéré comme ayant trahi son propre son aux yeux des fans irréductibles qui avaient mal vu en 1974 l’arrivée d’un guitariste, en l’occurrence Allan Holdsworth (ex-Igginbottom, ex-Tempest). Il n’y avait effectivement jamais eu de guitariste électrique chez Soft Machine et la révolution en cours a quand même donné naissance à un très bon album en 1975, « Bundles ».

L’année suivante, la donne est complètement différente puisqu’après le départ de Mike Ratledge, Soft Machine est dirigé par une équipe totalement nouvelle. Outre Allan Holdsworth à la guitare, on trouve Karl Jenkins aux claviers, John Marshall à la batterie, Alan Wakeman au saxophone et Roy Babbington à la basse. Alors que le groupe part en tournée faire la promotion de « Bundles », Allan Holdsworth est approché par le batteur jazz Tony Williams (ex-Miles Davis) pour participer à son nouveau groupe. Il quitte Soft Machine en mars 1975 et recommande au groupe un jeune gratteux du nom de John Etheridge, qui évolue alors dans un groupe appelé Global Village Trucking Company (après avoir auparavant été membre du groupe de Darryl Way, ex-Curved Air).

Etheridge rejoint un groupe en proie aux conflits. Son caractère enjoué en fait un membre apprécié par les autres, qui ne se parlent pas entre eux. C’est dans cette ambiance lourde que le groupe se met au travail pour son neuvième album « Softs ». Mike Ratledge, qui était encore officiellement membre du groupe, ne participe pour ainsi dire pas aux sessions (il ne sera crédité que sur deux titres). C’est le pianiste Karl Jenkins qui reprend la domination en écrivant la plus grande partie de l’album. On sent son éducation classique derrière ce « Softs » qui semble avoir perdu l’âme de Soft Machine. On est ici dans un jazz-rock marqué par de fortes influences classiques (les premiers morceaux) et tentant des incursions dans le funk (« Ban ban Caliban », « One over the eight »). La guitare de John Etheridge est mise en avant, mais développe un jeu plus calme et plus neutre que celui d’Allan Holdsworth. Son solo échevelé sur « The tale of Taliesin » empêche le disque de sombrer dans la musique d’ascenseur, mais les moments de bravoure ne sont pas si nombreux (avec aussi le solo de batterie sur « Kayoo » et l’échange batterie-guitare sur « The Camden tandem »).

« Softs » marque clairement la fin de Soft Machine tel qu’on l’a connu au début des années 70. Ce disque est la clé qui permet de comprendre la percée du punk rock qui allait justement jeter aux orties le rock progressif devenu trop complexe et élitiste. Soft Machine survit encore jusqu’au début des années 80 avec un live « Alive and well » en 1978 et un dernier album studio en 1981, « Land of cockayne ».

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2202
Sortie: 2010/06/28 (réédition, original 1976/07)

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