COLOURPHONICS (The) – The Colourphonics
Originaire d’Adélaïde, une métropole du sud de l’Australie, ce groupe s’est constitué en 2005 autour de Corey Taylor, Dave Merigot et Steve Deer, rejoints l’année suivante par Shaun Martin. Au vu de leur premier enregistrement, il évolue actuellement en quintette.
« The Colourphonics » est un album réussi. Il montre un ensemble aux facettes multiples, dans lequel la part active des invités n’est pas loin d’égaler celle des membres officiels. Les deux chanteurs et le claviériste Dave Merigot, passé du statut de membre fondateur à celui d’invité, apportent même une plus-value considérable. À l’analyse, cette formule agrandie s’avère idéale.
L’ensemble surfe avec adresse sur divers courants du Rock et du Jazz qu’il parvient tantôt à associer, tantôt à fusionner, tantôt à confronter. Malgré un traitement des sources somme toute peu audacieux, le produit final possède un caractère particulier, intéressant et varié. Parmi les influences évidentes, on peut citer le Rock-Jazz américain de Blood, Sweat & Tears et Chicago, l’éclectisme de Frank Zappa, le Jazz-Rock anglais de Ian Carr & Nucleus, celui plus mâtiné de Rhythm & blues de Brian Auger, et, dans une moindre mesure, le Jazz-Rock de Miles Davis. Les amateurs des régionaux de The Wrong Object percevront également quelques liens. L’atmosphère générale reste ancrée dans l’univers de la fin des années soixante et du début des années septante.
L’interprétation est brillante. Le guitariste tient une position prépondérante. Rock ou Jazzy, rêche ou chaleureux, lent ou rapide, en rythmique ou en solo, il parvient toujours attirer l’attention. Il rappelle Frank Zappa et Terry Kath (Chicago). Dans un rôle important également, plus retenu donc mais moins spectaculaire, le claviériste comble beaucoup d’espaces. Il manie intensément le piano électrique et l’orgue. Les sonorités un brin vieillottes semblent vraiment lui plaire. À l’arrière, basse et batterie forment un duo soudé, même si l’un ou l’autre individuellement se permet à l’occasion quelques débordements. Il peut toucher au sublime lorsqu’il se fond totalement dans la ligne tracée par le guitariste. Quant aux cuivres, ils arrondissent, fluidifient et jazzifient le propos. Au contraire de la guitare ou des claviers, ils fonctionnent la plupart du temps en bloc uni.
Les deux chanteurs ont aussi grandement façonné le style, chacun à leur manière. Leur point commun se situe au niveau de l’élégance. Ils ne se retrouvent ensemble que sur le premier titre, trop agité et moins adapté à leur style. L’idée de les faire intervenir tour à tour, d’organiser un dialogue entre eux n’était pourtant pas mauvaise. Les trois autres titres interprétés par Miranda Maz (artiste à découvrir absolument) sont de petits bijoux, taillés sur mesure. Aucune aspérité, aucun effet spectaculaire ne perturbe cette voix exceptionnelle et cette justesse de ton. Elle dégage en même temps une certaine froideur qui rappelle parfois l’atmosphère de certains films d’action des décennies soixante et septante, dont celle des James Bond. Le style noble et feutré de Tony Minnieconn touche plus au Jazz, à celui d’un David Clayton-Thomas (Blood, Sweat & Tears) par exemple.
Toutes ces qualités n’auraient pu s’exprimer avec autant de force et de bonheur sans de bonnes compositions, bien arrangées. Corey Taylor et Dave Merigot ont bien travaillé. À partir de la troisième plage, le groupe ne quitte plus un niveau de qualité élevé. Bien promotionnés, « My Daydream » et « Underwater » pourraient de triompher dans les charts.
En conclusion, The Colourphonics possède tous les atouts pour son développement futur. S’il souhaite poursuivre dans le même créneau, il y parviendra difficilement s’il ne renforce pas ses rangs, pourquoi pas avec ses invités actuels. À suivre.
Les titres (41’21) :
- « Looking Back at It All » (D. Merigot)(3’29)
- « Good within You » (C. Taylor)(4’01)
- « Find a Home » (C. Taylor)(3’17)
- « My Daydream » (C. Taylor)(4’00)
- « Sunset » (D. Merigot)(5’26)
- « Found » (The Colourphonics)(4’12)
- « Blossom Haze » (D. Merigot)(5’04)
- « This Is not an Exit » (C. Taylor)(6’14)
- « Underwater » (C. Taylor)(5’38)
Le groupe et ses invités :
- Corey Taylor : Guitares & Chant
- Shaun Martin : Basse
- Steve Deer : Batterie & Percussions
- Ken Lee : Saxophones Soprano & Ténor
- Nick Sverdloff : Saxophone Ténor
+ - David Merigot : Claviers
- Peter Raidel : Saxophones (2, 3, 4, 5, 6, 8)
- Geoff Bradley : Trompettes (2, 4, 5, 8)
- Andrew Tucker : Trompettes (3, 5, 8)
- Tony Minnieconn : Chant (1, 2, 5, 8)
- Miranda Maz : Chant (1, 3, 7, 9)
Pays: AU
TRB TheRecordLabel TRL065 / Bertus
Sortie: 2010