ROSE, Frankie & The OUTS – Frankie Rose & The Outs
Même si son nom ne doit pas vous évoquer grand-chose, Frankie Rose est loin d’être une inconnue dans le milieu noisy new-yorkais au féminin. Cette batteuse de formation grandement inspirée par Moe Tucker (Velvet Underground) a en effet joué avec les Vivian Girls et Crystal Stilts. Dans le même ordre d’idées, mais plus à l’ouest (du côté de Los Angeles), elle a également battu la mesure pour les Dum Dum Girls. Sa réputation ainsi établie, la voici à l’affût d’une nouvelle aventure et surtout à la tête de son propre groupe qu’elle a baptisé The Outs. Une formation qui ne comprend bien évidemment que des nanas parmi lesquelles la bien nommée bassiste Caroline Yes, la guitariste Margot Bianca et la batteuse Kate Ryan (rien à voir avec l’artiste néerlandophone qui a représenté la Belgique à l’Eurovision en 2006).
Cela dit, Frankie a beau s’appeler Rose, c’est plutôt vers le noir que lorgne sa musique. Un son froid et ténébreux qui tranche radicalement avec sa douce voix, comme sur le morceau d’intro, le mélancolique « Hollow Life », qui dégage un bien-être presque rassérénant. Exceptés le très beau « Lullabye For Roads And Miles » et le sinistre « Memo », on n’aura plus trop l’occasion de souffler car à l’instar de « Candy » et de « Little Brown Haired Girls », on se retrouve dans un univers plus pop dont les harmonies vocales renvoient autant aux girl groups des années 60 qu’aux guitares saturées chères à The Jesus & Mary Chain (« That’s What People Told Me ») ou à des influences de rock garage bien senties (« Don’t Tread »). Quoi qu’il en soit, l’ombre du célèbre mur du son de Phil Spector plane sur l’ensemble des compositions de la belle.
Le groove des golden sixties transpire d’un titre comme « Must Be Nice » alors que « Girlfriend Island » doit beaucoup aux arrangements vintage noisy des Raveonettes. Outre une cover d’Arthur Russell (« You Can Make Me Feel Bad ») sur laquelle de simples riffs de guitares métalliques s’entremêlent à une voix chaleureuse, on pointera encore la plage qui clôture cet album éponyme, « Save Me », que l’on pourrait comparer à un gospel glacial presque hypnotique (l’atmosphère du « Just Like Honey » des frères Reid n’est pas loin). En à peine une demi-heure, Frankie Rose démontre d’une manière implacable que faire confiance aux hypes les yeux fermés n’est pas toujours une bonne idée. Ce « Frankie Rose & The Outs » se révèle en effet bien plus consistant que le « I Will Be » des Dum Dum Girls sur la même distance. Et pourtant, il n’a pas été annoncé dans la presse à grand renfort de publicité…
Pays: US
Memphis Industries MI0162CD
Sortie: 2010/10/11