LAZARO – Vision
Originaire de Toulouse, avec une mère chanteuse soprano à l’Orchestre Capitole de cette même ville et un père lui aussi chanteur et dirigeant d’une association culturelle, Michel Lazaro a commencé à apprendre la musique classique à l’âge de 11 ans, avant de découvrir Jon Lord, qui fut une véritable révélation pour lui. Il intégra alors l’École d’Orgue de Jean-Philippe Delrieu et plus tard la fameuse école CMCN de Nancy, où il réussit haut la main en Rock et Hard Rock en 1995. Bref, Lazaro n’est clairement pas un néophyte en la matière et son CV l’atteste.
« Vision » constitue son premier album solo et bénéficie d’une belle brochette d’invités réputés : Jordan Rudess (Dream Theather), Uriah Duffy (ex-bassiste de Whitesnake), Fifi Chayeb qui a collaboré avec Billy Cobham, Mel Glaynor (Simple Minds), Damien Schmitt (Jean-Luc Ponty) et bien d’autres. Premier constat : une production impeccable, parfaite, un vrai régal pour tout conduit auditif qui se respecte. Deuxième constat : l’album est varié et dynamique, et n’est pas l’exercice masturbatoire d’un claviériste, fût-il talentueux et doué.
Toutes les compositions sont signées de la main de Lazaro, à l’exception d’une seule, cosignée avec son complice Stéphane Deriau-Reine (The Fusion Project). Secondé par ce dernier, très introduit sur la scène musicale française et internationale, Lazaro a aussi fait appel à Yan Fab, un impressionnant chanteur du sud de la France, pas très connu et qui gagnerait à le devenir rapidement pour notre plus grand bonheur. Visiblement conçu comme un ensemble, « Vision » débute par un morceau d’intro « Demori » (programmation et piano) et termine par « Outro », symphonique et dense.
L’album se décline sur le mode du néo-progressif et du heavy métal mélodique, le tout emmené avec énergie. « Vision » et « Quest for the glory », ce dernier sur un rythme assez heavy et syncopé, lancent la machine sur des rythmes bien enlevés, avec mélodies et soli de guitare et claviers bien sentis, les parties vocales étant séduisantes et sans appel. « Sun », plus pop, ne manque cependant pas de panache. On sent déjà dans les morceaux une architecture de haut niveau, servie par des rythmes intéressants et volontaires, bref une inspiration qui sort des sentiers battus et une réelle maestria instrumentale et vocale pour la concrétiser.
« Destiny » est une power ballade assassine, au refrain très mélodique et contenant un solo de guitare digne de ce genre de titre, le chanteur Yan Fab y étant tout simplement divin. Un des tops titres de l’album, qui pourrait d’ailleurs cartonner sur les ondes. Suivent les 2 « Heaven and hell », le 1er en intro au piano du 2nd, qui est assez heavy et groove un max. Il y a aussi deux instrumentaux, outre ceux d’intro et outro : « Epilogue », court et symphonico-ambient, et « Stone temple » qui se la joue jazz fusion. « 1118 » pourrait se profiler comme une rencontre improbable entre le Toto de la meilleure époque – donc sans mièvrerie, le Emerson, Lake & Palmer des meilleures parties instrumentales, un Elton John encore rock et qui n’aurait donc pas sombré dans une certaine variété mollasse et un Spock’s Beard rajeuni. « Morpheus song » baigne dans une ambiance club jazz et Yan Fab y est toujours parfait dans sa performance vocale, à côté de très belles phases à l’orgue. « Colour of Spring » porte bien son titre et se présente comme un morceau pop énergique et optimiste.
« Vision » se pose en œuvre mature pour un premier album et traduit une approche intelligente dans le chef de Lazaro, qui y officie avec brio et virtuosité, mais sans démonstration gratuite aucune. A contrario, il nous offre un disque varié, dense, subtil, dynamique et plusieurs écoutes sont nécessaires pour en découvrir toutes les facettes. Tous les musiciens sont bluffant, Lazaro et son complice Deriau-Reine se posent en architectes tangibles de l’œuvre, il y a tout au long de l’album des arrangements symphoniques plus ou moins discrets, mais en tout cas jamais encombrants et surtout réellement inspirés. Et bien sûr, Yan Fab qui en impose vocalement, une véritable découverte. « Vision » est donc un album qui peut plaire autant aux amateurs non exclusifs de prog que de rock ou de heavy métal.
Décidément, la scène rock française prend de plus en plus de dimension et s’étoffe avec de vrais talents. Remerciements aussi à l’excellent et légendaire Jon Lord dont l’influence et le talent suscitent ainsi de nouvelles révélations.
Musiciens :
- Michel Lazaro – claviers
- Jordan Rudess – claviers
- Stéphane Deriau-Reine – claviers et programmation
- Uriah Duffy – basse
- Fifi Chayeb – basse
- Fabien Taverne – guitares
- Jimi Savage – guitares
- Yan Fab – chant et guitare
- Reda Samba – batterie
- Damien Schmitt – batterie
- Jean-Pierre Cleverie – guitare
- Mel Glaynor – batterie
Liste des morceaux :
- Demori 2:12
- Vision 6:38
- Quest For The Glory 4:45
- Sun 3:43
- Destiny 5:51
- Heaven In Hell (I. Part One) 0:56
- Heaven In Hell (II. Part Two) 4:26
- Epilogue 1:33
- 1118 5:44
- Stone Temple 3:10
- Morpheus Son 6:54
- Colour Of Spring 3:54
- Outro 1:46
Pays: FR
Musea Parallele MP3205
Sortie: 2010/09/27