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ICARUS LINE (The) – Penance Soiree

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Composé de Joe Cardamone, chant, Jeff Watson, batterie, Don DeVore (Ink and Dagger), basse, Alvin DeGuzman, guitare et Aaron North, guitare, le groupe de Los Angeles, The Icarus Line, est le type même de groupe très « rock and roll attitude » dont la devise est « sex, drugs and rock ‘n’ roll ». Jusqu’ici, rien de très original.
Leur musique est un garage rock sauvage qui évoque Black Flag, les Rolling Stones des années soixante, The Stooges, The Who ou Primal Scream. Sur le plan de la folie, ça fait penser à Whirlwind Heat et c’est tout aussi prometteur.
En concert, le groupe se surpasse. Imprévisible, voire dangereux, The Icarus Line détruit tout sur son passage, mais il a des références : il a participé l’an dernier aux festivals de Reading, Leeds et Roskilde et a accompagné des groupes célèbres en tournée : Yeah Yeah Yeahs, A Perfect Circle, Primal Scream ou Queens Of The Stone Age. Toujours habillés de noir et d’une cravate rouge (détails palpitants sur le plan musical !), ils se qualifient eux-mêmes de « red and black attack ». On ne peut mieux résumer leur ambition et leur philosophie.
Sorti en single, « Up Against The Wall Motherfuckers » donne immédiatement le ton. Le sexe en est le thème principal. C’est un rock super musclé (ben tiens !) avec un son magnifique qui fait penser à Black Rebel Motorcycle Club. La voix de Joe Cardamone fait penser à celle de Mick Jagger quand il était jeune. Ils ont produit eux-mêmes cet album avec l’aide d’un ami, Mike Musmanno, et c’est une réussite totale. Alan Moulder (My Bloody Valentine, The Jesus and Mary Chain, Nine Inch Nails, Smashing Pumpkins, Yeah Yeah Yeahs, …) s’est occupé du mixage.
« Spit On It » est du hardcore basique. Agressif, viscéral, il représente tout ce que le rock véhicule de révolte contre l’ordre établi mais toujours avec le souci de distraire et de s’éclater, même si le côté intellectuel n’est pas absent. On ne fait pas ce qu’on fait par hasard. Synth horns par Mike Musmanno, le producteur.
« On The Lash » est un des titres phares du CD. Violent, déjanté et agressif comme ce n’est pas possible par moments, il est avec « Caviar » un des quelques moments forts de l’album. Sur ce dernier, c’est à une drogue party que l’on invite toute personne qui le désire. Va falloir se serrer un peu. L’environnement musical suggère bien les effets de la drogue tels que je les imagine. Pour Courtney Love, Pete Doherty, Scott Weiland ou Axl Rose, c’est sans doute bien plus concret.
La mélodie de « Spike Island » est irrésistible et la voix de Cardamone ressemble toujours à celle du jeune Jagger, quand on n’imaginait pas qu’il puisse devenir un jour Sir Michael. Sur ce titre, la filiation avec les Stones est évidente. Superbe titre, en tout cas ! La nouvelle section rythmique est de nature à faire approuver le choix des membres fondateurs : sans être des virtuoses, tant DeVore que Watson apportent un plus incontestable par leur efficacité sans faille, un peu comme Bill Wyman et Charlie Watts, finalement.
Par contraste, « Kiss Like Lizards » est un titre débridé complètement fou, comme tous les membres du groupe. Joe Cardamone est littéralememt déchaîné. On ne manquera pas de relever une ressemblance avec The Stooges et surtout Iggy Pop, voire Sonic Youth, et certains ne manqueront pas de mettre l’accent sur le manque de personnalité du groupe. Il n’en est rien : tous les artistes du monde ont subi des influences au début de leur carrière et celles-ci font partie du haut de gamme. C’est peu à peu que l’on trouve sa propre voie. Pourquoi en serait-il autrement pour The Icarus Line ?
« Getting Bright At Night » est une pièce maîtresse de l’album. Beaucoup plus calme au début, complètement différent, mais tout aussi « druggy », il fait penser à « You Come In Burned » des Dandy Warhols, un morceau génial qui figure sur « Welcome To The Monkey House ». Il monte progressivement en puissance et emmène l’auditeur pour un long voyage psychédélique de plus de neuf minutes, agrémenté de riffs de guitare et de percussions, dont il ne sort pas indemne. Ceci dit, l’original est encore meilleur.
Un enchaînement direct conduit à « Big Sleep », incantation hypnotique où les guitares prédominent avec en arrière-plan une sirène menaçante au début. De nouveau, la section rythmique étale son savoir-faire incontestable. Un break inattendu change complètement la donne et fait de ce morceau un violent plaidoyer pour le sexe. Les guitaristes jouent une partition différente et cela donne une cacophonie brillamment ponctuée par le saxophone de Jon Wahl (si ma lecture du livret presque illisible est correcte).
Dans le même ton, « White Devil » dure moins de trois minutes, assez pour évoquer Primal Scream, avec qui ils sont partis en tournée. S’ensuit un break génial avant de se terminer en une cacophonie très préparée qui rappelle l’album « double blanc » des Beatles, décidément à la mode. Jon Wahl y joue du saxo tout à la fin.
Aussi « druggy » que « Getting Bright At Night » mais en beaucoup moins long, « Meatmaker » est un morceau dément et génial à la fois. Et beaucoup trop court ! Pulse par Dirty Little Louis.
« Virgin Velcro » traite du sexe sur le mode salace, on l’aura deviné. Le mid tempo convient parfaitement à l’ambiance créée. Là non plus, les guitares ne jouent pas à l’unisson et cela contribue au caractère expérimental de l’album.
« Seasick » fait penser à Sonic Youth et ce n’est pas un mince compliment. Tout aussi décalé que les morceaux joués par son modèle, il s’étale sur plus de six minutes, avec bruitages et jeu de guitare original et vrombissant, sans mélodie mais sur un thème répétitif et lancinant. Encore un voyage de plus de six minutes dans des sphères inexplorées du cerveau … Extraordinaire !
Beaucoup plus court mais mal placé en fin d’album, « Party The Baby Off » renoue avec une superbe et irrésistible musique très musclée beaucoup plus classique qui fait penser au Who. L’album se termine ainsi sur un autre hit potentiel qui pourrait bien sévir sur votre radio favorite. On peut toujours rêver. Le message ? « Déshabillez-vous ! » Autant que ça se passe en plein été … Tout émoustillé, Mike Musmanno joue des synth horns.
En résumé, ce CD est de nature à soutenir la comparaison avec ceux de Jet, des White Stripes ou des Datsuns. C’est ce qui se fait de mieux aujourd’hui dans le genre. Aussi rentre dedans mais plus agressif et destroy, il comporte tous les ingrédients du punk garage et quelques titres sont irrésistibles. Allons, l’esprit du rock n’est pas mort, même si l’on est souvent très loin du rock and roll des fifties. Mais quelle énergie et quel esprit de révolte ! Ah oui : play it loud !
Les titres :

  1. « Up Against The Wall »
  2. « Spit On It »
  3. « On The Lash »
  4. « Caviar »
  5. « Spike Island »
  6. « Kiss Like Lizards »
  7. « Getting Bright At Night »
  8. « Big Sleep »
  9. « White Devil »
  10. « Meatmaker »
  11. « Virgin Velcro »
  12. « Seasick »
  13. « Party The Baby Off »

Pays: US
V2 Records VVR1025552
Sortie: 2004/04/26

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