GLASS – No Stranger To The Skies
Fondé au début des années 70 par Jeff Sherman et Greg Sherman, avec Paul Black puis Jerry Cook à la batterie, Glass n’a jamais signé de contrat avec un label, même en Angleterre où ils se sont exilés. En 2000, ils ont enregistré « No Stranger To The Skies », remasterisé et réédité en 2004.
Leur musique est un mélange de classique, de jazz et de rock, un peu genre ELP. La production est impeccable et met parfaitement en valeur le réel talent des musiciens, injustement méconnus du grand public.
Sur des thèmes musicaux de Jeff Sherman, « No Stranger To The Skies » (1975) est un instrumental où jouent les frères Sherman et Paul Black. Cette très belle musique aérienne est sublimée par le mellotron de Gregg Sherman et le piano électrique de son frère Jeff. La mélodie est de toute beauté et on peut se demander comment il est possible que l’on ait tant tardé à publier cette merveille. On n’est pas loin de la qualité des Moody Blues, aujourd’hui tombés en complète désuétude – ils ont été balayés par le mouvement punk – mais très populaires à l’époque. Ils se servaient beaucoup du mellotron, lui aussi considéré comme obsolète.
Sur des thèmes musicaux de Greg Sherman, cette fois, « Give The Man A Hand » (1975) est plus proche de ELP. C’est une suite de longues improvisations nettement plus jazz et la mélodie y prend moins d’importance.
Sur des thèmes musicaux de Jeff Sherman, « Domino » (1975) débute par le « concert gong » de Jerry Cook et le « grand piano » de Greg Sherman, entrecoupés par la « flûte » jouée au mellotron par Greg Sherman et la guitare acoustique jouée par Jeff. Un break inattendu cède la place au piano de Jeff. Le morceau se termine par le « concert gong ». C’est le meilleur titre de l’album.
A peu près de même longueur que le précédent, sur des thèmes musicaux imaginés par les deux frères, cette fois, « The Myopic Stream » (1975) fait la part belle au piano de Jeff au début. Il enchaîne avec la basse et le piano ensuite. La partie jouée au mellotron par Greg est très belle et Jerry Cook soutient tout cela avec beaucoup d’efficacité à la batterie.
Sur un thème joué au clavinet Hohner D6 (guitare électrique contrôlée par un clavier de piano) par Greg au début, « For Ursula Major And Sirus The Dog Star » (1977) amène un côté jazzy fort bienvenu. On retrouve à nouveau le style ELP. Jeff a écrit la deuxième partie à deux pianos, jouée « live » dans le studio tandis que Greg a composé le final, qui ne manque pas d’ampleur.
Sur le deuxième CD, joué « live », une longue suite de 30 minutes est divisée en 6 parties et est intitulée « Broken Oars ». Répétée pendant un mois, cette suite a été jouée en trois fois pendant un week-end. On y côtoie une musique tantôt accessible, tantôt plus complexe, où la basse tient une large place.
La première partie, « Awakening », est assez subtile et crée l’atmosphère d’un film de cinéma plutôt triste. La deuxième, « Realization », est plus jazzy et saupoudrée d’effets électroniques. La troisième partie, « Fear », est assez lugubre. La quatrième partie, « Childhood’s Reflection », est plus variée et fait penser à des thèmes pastoraux et bucoliques. En fait, ce sont les instruments utilisés qui forgent le climat et les sensations des différentes pièces jouées. Cela va du guilleret au presque funèbre. La partie cinq, « Final Realization », assez courte, est plus sombre. Cela est dû à la basse. La sixième partie, « Acceptance » est franchement emphatique mais très courte.
Sur des thèmes des frères Sherman, « Changer » apporte un peu de versatilité. Paul Black prend la place de Jerry Cook sur ce titre parfaitement interprété. Il contient des passages raffinés très doux alternant avec des passages puissants beaucoup plus trépidants. La basse y tient toujours une place prépondérante. Sur ce titre, la virtuosité des musiciens est particulièrement évidente. C’est vraiment du grand art ! On se demande toujours comment ils ont fait pour ne pas arriver à convaincre une firme de disques de les engager. Ah ! Savoir se vendre ; c’est tout un art aussi.
« Home » est une petite parenthèse où la guitare acoustique et le mellotron font merveille, avant la phase finale de 12 minutes : « Patrice Meursault’s Dream ». Le mélange basse, piano électrique, synthétiseurs, batterie et cymbales est très bien planifié et définit un savant mélange de musique majestueuse et grandiose parsemée de parties rythmées plus musclées, où les distorsions font bon ménage avec la mélodie insidieuse et lancinante jouée au mellotron. Mais les percussions reprennent le dessus pour terminer à l’ombre des synthés teintés de jazz.
En résumé, la firme de disques répare une injustice en publiant ces CD. Comme influences, outre ELP, on peut aussi citer Yes, Rush, Pink Floyd et King Crimson. Rien que du beau monde ! Mais la musique est très personnelle et fait fi de toute filiation clairement marquée. Elle a également des accents jazz autant que classiques. Très bons CD qui méritent assurément une réédition. Le livret est remarquable sur le plan informatif.
Titres du CD 1 – The Studio Sessions :
- « No Stranger To The Skies »
- « Give The Man A Hand »
- « Domino »
- « The Myopic Stream »
- « For Ursula Major And Sirus The Dog Star »
Titres du CD 2 – The “Live” Recordings :
- « Broken Oars pt 1: Awakening (Main Theme) »
- « Broken Oars pt 2: Realization »
- « Broken Oars pt 3: Fear »
- « Broken Oars pt 4: Childhood’s Reflection »
- « Broken Oars pt 5: Final Realization »
- « Broken Oars pt 6: Acceptance (Reprise of Main Theme) »
- « Changer »
- « Home »
- « Patrice Meursault’s Dream »
Pays: US
Musea Records FGBG 4516.AR
Sortie: 2004/06