SAENS – Prophet In A Statistical World
Créé en septembre 1996, le groupe Saens comprend Pascal Bouquillard (chant & backing vocals, basse, guitare classique, guitare 12 cordes, claviers), Vynce Leff (guitare électrique, guitare acoustique et guitare classique, claviers et synthétiseurs, voix, enregistrement, mandoline), Benoît Campedel (guitare électrique) et Stéphane Geille (batterie). Pour le chant classique, ils sont aidés par Brigitte Alexandre Bernardi, Marine Campedel et Isabelle Poinloup (soprano et alto).
La première partie de ce CD est intitulée « Dystopian Dream ». Le premier titre, « xx84 » est inspiré du roman de George Orwell, « 1984 ». Le climat est oppressif comme dans le livre d’anticipation, les paroles et la couleur musicale sont très sombres. Il n’y a aucun espoir, nous sommes sous contrôle pour servir « leurs » desseins. Nous serons même trahis par nos proches. Il s’agit bien d’un cauchemar.
Curieusement, le deuxième titre est un prélude de Bach. Pascal Bouquillard y joue de la guitare classique. Pourquoi avoir choisi une musique ancienne pour illustrer un récit de science-fiction ? Le roman d’Aldous Huxley, qui inspire le titre suivant, est intimement lié à la littérature ancienne, notamment à William Shakespeare.
Il s’agit donc d’une courte introduction à « Lenina », un personnage que Vynce Leff estime délaissé par Huxley. Saens répare ainsi une injustice, en quelque sorte. La musique est de Jean-Sébastien Bach mais elle est adaptée par Pascal Bouquillard. Les paroles, toujours aussi désespérées, traitent de l’amour impossible et des regrets qui en découlent.
« Time Machine », directement tiré du roman du même nom de H. G. Wells, montre à quel point cela peut aller loin. Ce que nous voyons du futur a le don de nous tirer de notre paradis, où nous nous cachons depuis trop longtemps. Où aller, entre le chaos et le vide ? Nous ne voulons pas voir la réalité.
Enfin, pour clore la première partie, « Forbidden Dreams » est une transition sous forme de synthèse : le titre énonce les thèmes de la première partie et les met en perspective avec ceux de la deuxième partie. C’est une lueur d’espoir dans un univers noir. Ce CD fait aussi allusion au roman de Ira Levin, « This Perfect Day ». Le monde est régi par un ordinateur tout-puissant, UniCord, et notre marge de manœuvre est pratiquement nulle.
La deuxième partie est une histoire inventée de toute pièce. Le héros peut très bien vivre dans un monde de statistiques sans s’en rendre compte, de sorte que toute liberté devient impossible. Statistical World est la description de cette dystopie, de ce cauchemar, sur une musique très sophistiquée et très envoûtante, comme s’il s’agissait d’attirer des adhérents dans une toile dont ils ne pourront plus se dépêtrer.
Le premier titre, « Welcome », est une invitation a adopter la philosophie ambiante et toutes ses merveilles. Les changements de rythme évoquent les « euphémismes » contenus dans la publicité. Les harmonies vocales rappellent celles de Queen. « I Wanna Be Free » est le cri de détresse d’un individu qui prend conscience de son état. « Libera Me » est un chant religieux : c’est une prière au Dieu libérateur. Les harmonies vocales sont de toute beauté et incitent au lyrisme et à l’élévation de la pensée.
Sur une musique emphatique, à la limite du pompeux, « The Prophet » est une complainte destinée à instruire : il n’y a pas de place pour les prophètes et les poètes : « ni les mots ni les vers ne peuvent rivaliser avec les chiffres ». Les synthés sont utilisés à profusion et les guitares sont par moments envahissantes.
« Revolution » nous transporte des années plus tard. Les gens ont pris conscience de leur situation insoutenable et en ont marre de ce monde de la statistique : c’est la révolution. Le peuple scande des slogans sur la liberté. Le rythme devient plus musclé et beaucoup plus rock. De nouveau, les changements de rythme se succèdent. Enfin, « Freedom », sur fond d’harmonies vocales très éthérées, parle de la liberté impossible mais aussi de l’espoir qui nous survivra.
Cet album ambitieux existe aussi en version avec bonus disc qui comprend « Dodecamania », écrit pendant la période « Statistical World », et deux extraits inédits de l’album « Les regrets d’Isidore D. ». Les paroles sont incluses dans le livret, dont la cover est très belle.
Les titres :
- « Dystopian Dream – xx84 »
- « Suite n° 2 (Prelude) »
- « Lenina »
- « Time Machine »
- « Forbidden Dreams »
- « Prophet In A Statistical World – Welcome »
- « I Wanna Be Free »
- « Libera Me »
- « The Prophet »
- « Revolution »
- « Freedom »
Pays: FR
Cyclops CYCL 141
Sortie: 2004/06/21