HENDRIX, Jimi – Valleys of Neptune
Revoici venir la légende Jimi Hendrix et son lot de merveilles musicales. On pourrait presque dire de miracles. En effet, comment un homme mort à 27 ans il y a presque 40 ans de cela a-t-il pu enregistrer dans sa courte vie suffisamment de matériel pour alimenter des œuvres posthumes pour les quatre décennies qui ont suivi ? Ce tour de force est d’autant plus incroyable que la carrière de Jimi Hendrix en tant que vedette internationale n’a duré que quatre ans pile, de septembre 1966 à septembre 1970. Enregistrait-il nuit et jour ? Avait-il le don d’ubiquité ? Avait-il des sosies ? La réponse réside dans le fait qu’Hendrix enregistrait absolument tout dès qu’il touchait sa guitare. Et sa guitare, il l’avait en main quasiment 24 heures sur 24. La merveille noire, ramenée de New York en Grande-Bretagne en 1966 par Chas Chandler, ex-bassiste des Animals qui allait devenir son manager, a tellement éberlué le monde du rock par son génie de guitariste, qu’elle a été exploitée jusqu’à la moelle par un business rock désireux d’envoûter le public et de faire exploser le tiroir-caisse. Hendrix a en effet passé quatre ans de studio en jam-sessions, de clubs en salles de concert et d’Europe en Amérique sans jamais débander. Il faut dire que Jimi Hendrix avait une vision musicale sublime et qu’il sacrifiait tout pour créer, comme s’il était pressé de mettre sur bande un maximum de choses, peu sûr de sa longévité.
Et quand la Faucheuse est venue réclamer son dû en 1970 (overdose ? meurtre ? on ne saura jamais), l’exploitation a continué de plus belle sur un mode posthume. Les années 70 ont été parsemées de productions douteuses, venant de producteurs peu scrupuleux ayant fait main basse sur des enregistrements oubliés du Maître. On se souvient des infâmes « Midnight lightning » ou « Crash landing », albums instrumentaux complétés avec des musiciens de studio qui n’avaient jamais joué avec Hendrix. La famille de Jimi est entrée en croisade au cours des années 90 pour récupérer bande par bande les droits des enregistrements laissés au monde par le guitariste gaucher. Depuis, les albums studio officiels sont ressortis, bien remastérisés, bien propres, bien cossus avec des tonnes de bonus et de très nombreux concerts ont également été remis sur le marché avec la bénédiction des ayants-droits et, ce qui ne gâche rien, un son parfait.
Aujourd’hui, Hendrix Experience, le label de la famille Hendrix, poursuit ses recherches archéologiques et émet sur le marché « Valleys of Neptune », une douzaine de titres enregistrés principalement en 1969 et présentés comme un nouvel album de Jimi Hendrix. Il faut tout de suite préciser que la majorité de ces titres sont déjà connus, mais que ce sont les enregistrements qui sont inédits. Grâce au travail de fourmi d’Eddie Kramer, l’historique ingénieur du son de Jimi Hendrix, ces bandes sont livrées à la civilisation dans toute leur propreté et leur puissance, révélant encore une fois le génie absolu de Hendrix. En effet, ces sessions studios ayant eu lieu en février, avril et septembre 1969 étaient essentiellement des répétitions faites en vue des célèbres concerts de Hendrix au Royal Albert Hall en février 1969 et de la tournée américaine du printemps 1969. Et le résultat est sidérant : il s’agit juste d’un petit échauffement avant un concert, sur le pouce… et Jimi Hendrix et son groupe jouent comme des dieux. Le Jimi Hendrix Experience (qui vit ses derniers jours à l’époque, car le bassiste Noel Redding partira en juin 1969) revisite à l’occasion quelques morceaux bien connus et leur donne un nouvel éclairage. L’auditeur habitué de Hendrix reconnaîtra donc « Stone free », « Bleeding heart », « Hear my train a comin’ », « Sunshine of you love » (la reprise de Cream), « Lover man », « Fire », ou « Red house ». Là où les choses innovent, c’est dans l’interprétation de morceaux expérimentaux qui vont aboutir plus tard à des chansons disponibles sur album, mais dans des versions différentes. Ces titres de travail sont « Mr. Bad luck » (le seul morceau de 1967, qui donnera « Look over yonder »), « Ships passing through the night » (le futur « Night bird flying ») et « Lullaby for the summer » (futur « Ezy Rider », qui comme le précédent sera inclus sur le disque posthume « The cry of love » en 1971). Il reste deux titres foncièrement nouveaux dans cet ensemble, une sorte d’improvisation blues intitulée « Crying blue rain » et « Valleys of Neptune ». Passé le fastidieux décorticage de cet album, il ne reste plus qu’à apprécier la pureté et la magnificence de ces titres, qui ramènent une fois de plus Jimi Hendrix à la vie et démontrent à nouveau l’éternité de son génie.
Pays: US
Sony 88697640562
Sortie: 2009/03/08