HIGH ON FIRE – Snakes for the divine
Un grondement sourd pointe à l’horizon. Sous les lueurs des fusées de marquage, le bombardement commence. Les lignes ennemies sont hachées sous un déluge d’obus lourds qui ouvrent la voie à la charge des hordes blindées. Non, ce n’est pas l’offensive soviétique de l’été 1944 sur le front de l’Est, c’est tout simplement le dernier album de High On Fire, une nouvelle tuerie réalisée par ce groupe qui commence à rassembler autour de lui une aura mythique de puissance dévastatrice et de pilonnage en règle des tympans.
Derrière ce groupe règne la figure emblématique de Matt Pike, fondateur en son temps de l’ultra-influent groupe Sleep qui, dans les années 90 allait contribuer à forger les lettres de noblesse du stoner et surtout du doom et du sludge metal. Sleep, ce sont trois albums qui font encore trembler aujourd’hui, et surtout le morceau « Jerusalem », le plus long de l’histoire avec 52 minutes de riffs organiques et cyclopéens emmenant l’auditeur dans une course sans fin au fond du son lourd. Après la dissolution de Sleep en 1998 (dont les deux autres membres Al Cisneros et Chris Hakius iront former le duo psychédélico-sidérurgique Om), Matt Pike met sur pied High On Fire, qui comprend à ses débuts un certain Joe Preston (ex-Melvins) et qui se distingue immédiatement par un métal sinistre plus rapide que le doom et incroyablement puissant. Du Mastodon en plus rustique, pour simplifier.
Après quatre albums tous plus rugueux les uns que les autres sortis sur le légendaire label stoner Man’s Ruin (« The art of self defence » en 2000, « Surrounded by thieves » en 2002, « Blessed black wings » en 2005 et « Death is this communion » en 2007), High On Fire revient cette année avec une nouvelle galette en plomb fondu, hébergée par le label Century Media qui le distribue en Europe. « Snakes for the divine » ne faillit pas à la tradition d’épaisseur menaçante semant la panique chez les bandes de Trolls égarés au pays des vikings cannibales. Aucun ménagement pour les tympans, comme d’habitude, et des morceaux tout en brutalité et en technique, servis par la voix d’outre-tombe de Matt Pike et produits par Greg Fidelman (qui vient de produire le dernier album de Slayer). La patte Slayer est d’ailleurs remarquable sur des titres comme « Ghost neck » ou « Fire flood and plague » qui déboulent toutes haches dehors en moulinant sans discernement. Il faut dire que cette fois, High On Fire accélère un peu les propos et appuie sur l’option thermonucléaire avec ces huit titres qui déboulent comme une expédition punitive tartare sur un village de moujiks. L’édition européenne du CD comprend un titre bonus, raison de plus pour se précipiter dessus.
Certains voient dans High On Fire l’association de Black Sabbath et de Motörhead. Ils ont raison et c’est sans doute la seule certitude dans ce monde en proie au doute. Mais il n’y aurait pas des fois aussi du Slayer? Y’en a.
Pays: US
Century Media
Sortie: 2010/03/08