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HUBER, Lalo – Lost in Kali Yuga

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Lalo Huber est le claviériste du groupe argentin Nexus et nous propose ici son premier album solo. Huber livre un album de prog symphonique à dominante claviéristique et se montre assez créatif et généreux puisque « Lost in Kali Yuga » aligne 10 titres pour une durée de plus de 78 minutes, vous en avez donc clairement pour votre argent si vous achetez ce CD.

Lalo Huber est seul maître à bord et a lui-même joué de tous les instruments, à l’exception des parties de batterie, confiées à son ami Louis Nakamura. Sur les 10 titres, 4 sont chantés, les autres étant donc bien évidemment instrumentaux. Les paroles sont loin d’être renversantes d’originalité ou même simplement dans leur propos, mais ce n’est pas vraiment un problème puisque ce qui nous intéresse ici, c’est avant tout la musique, qui occupe plus que très largement l’espace du CD et qui est de qualité, balayant les craintes que l’on peut légitimement avoir à priori avec ce genre d’exercice, eu égard au fait qu’il s’agit d’un album solo d’un claviériste d’un groupe progressif, aussi bon soit-il.

Le premier morceau fait un peu office d’intro à l’album, sur un mode comparable à celui d’un Jean-Michel Jarre, c’est-à-dire une musique planante oxygénique, pas forcément oxygénante. Le second titre par contre, « Universal legion », décolle immédiatement et on est très vite propulsé avec bonheur dans le monde symphonique d’Emerson Lake & Palmer, avec un thème fort et des soli de claviers en inspiration directe du maître Emerson, influence revendiquée clairement par Huber à côté des UK, Genesis, Yes et autres Pink Floyd. Dans le troisième titre, le chant fait son apparition et n’est pas convaincant, le mixage et les effets entourant la voix (écho, …) étant plus sujets à caution que la justesse du chant lui-même, tout à fait correct, sur des mélodies qui se défendent. Et cela se répète sur « Still I sense your hand », mais nettement moins sur « Failed to feel » et « Back to dust ». Cela dit, les parties vocales sont assez courtes et les morceaux se déclinent donc majoritairement en parties instrumentales réussies, dans des ambiances et sur des rythmes toujours différents.

« Last trip in Buenos Aires » est plus jazzy, le style de morceau joué par un pianiste ou un groupe jazz dans les grands hôtels, ce que suggère finalement son titre. Assez sympa. Suit « In the labyrinth (Lost in Kali Yuga – Part II) », dont l’intro fait irrémédiablement penser à « Tarkus » d’ELP. Huber se déploie surtout aux orgues Hammond et autres moogs, le piano restant très discret pour ne pas dire inexistant. Huber joue très bien de la basse aussi, ce qui lui permet de donner à l’ensemble une dynamique proche de celle que peut insuffler Chris Squire à son groupe et qui, combinée à celle de la batterie exécutée par Nakamura, produit une rythmique épicée tout à fait adéquate à son jeu de claviers. Pas beaucoup de guitare, et quand elle est présente, juste en support acoustique. « The hecatomb (Lost in Kali Yuga – Part IV) » est assez léger, mais entraînant, et à nouveau assez emersonien. « Back to dust » clôt l’album de la même façon qu’il a débuté, avec un titre plutôt planant et chanté.

En conclusion, voici une œuvre solo qui plaira aux « Nexuriens », aux amoureux des claviers et aux aficianodos d’Emerson, de Rick Wakeman, de Jordan Rudess. C’est assez réussi, inspiré, surtout dans les titres instrumentaux, sans mièvrerie, avec des lignes mélodiques et des thèmes solides. Si Huber y avait ajouté une guitare saignante et un chant puissant avec une production à la Lukassen, « Lost in Kali Yuga » aurait acquis une dimension supérieure et aurait pu prétendre à figurer dans les meilleurs albums de 2009, section prog et/ou prog-métal. Il n’en reste pas moins une œuvre réussie et fera certainement office d’excellente carte de visite pour Lalo Huber. Pour les fans de Nexus, sachez que le groupe travaille actuellement sur un nouvel album qui paraîtra en 2010.

Musiciens :

  • Lalo Huber – orgue Hammond, pianos & synthesizers, basse, guitare acoustique et chant
  • Louis Nakamura – batterie

Liste des morceaux :

  1. All computers die 3:18
  2. Universal legion 6:10
  3. To play and die 8:32
  4. The entangled world (Lost in Kali Yuga – Part I) 9:56
  5. Still I sense your hand 6:34
  6. Last trip in Buenos Aires 5:50
  7. In the labyrinth (Lost in Kali Yuga – Part II) 9:04
  8. Failed to feel (Lost in Kali Yuga – Part III) 9:05
  9. The hecatomb (Lost in Kali Yuga – Part IV) 11:30
  10. Back to dust 8:04

Pays: AR
Record Runner RR 0580
Sortie: 2009/10/23

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