PREFAB SPROUT – Let’s Change the World with Music
Chou préfabriqué. Comment peut-on créer un groupe de légende avec un nom si incongru? Car Prefab Sprout ne fait jamais rien comme les autres. Orfèvre de la pop, le groupe est maître de la chanson miracle, celle dont la mélodie vous reste gravée dans la tête. Beaucoup de choses se passent dans celle de Paddy Mc Aloon, qui s’est laissé pousser la barbe et qui mène sa vie à l’écart du star system, à écrire des tonnes de nouvelles chansons qui verront peut-être le jour ou pas. Avec toujours cette obsession d’écrire la chanson parfaite. Depuis « Steve Mc Queen », des bijoux de chanson comme « Polly » viennent l’attester. Il y aussi l’album fleuve « Jordan: The Comeback », sorti au début des années 90, qui fut pour certains la bande originale d’amours de jeunesse. De la pop au sens le plus pur, avec quelque chose de suranné, d’hyper précieux, de délicieusement agaçant; du coup, on ne sait plus si on était amoureux de cette fille ou de cette musique qui parvenait à coller parfaitement aux émotions ressenties.
Chez Prefab Sprout, il y a beaucoup de belles choses: des choeurs parfaitement placés, des orchestrations luxuriantes, des trésors cachés qui se dévoilent au fil des écoutes successives. Première surprise: « Let’s Change the world with music » n’est pas vraiment un nouvel album car il s’agit de démos enregistrées en 1992 qui devaient constituer la suite de « Jordan: The Comeback », mais qui fut rejeté par Sony. Il est vrai que l’album déborde de références religieuses, ce qui peut expliquer la position de la maison de disque à l’époque. Mais il y a de très grands moments, à commencer par « Let There be Music » qui ouvre l’album, du grand Prefab Sprout qui flanque la chair de poule dès le refrain. « Ride », moins évident, s’avère après plusieurs écoutes un des grands morceaux de cet album. D’autres morceaux auraient pu passer à la trappe (l’horripilant et horriblement daté musicalement « I Love Music »). « Earth: The Story so far » avec son refrain entêtant annonce le tournant plus terrestre de l’album, même si cela fait bizarre d’entendre ces synthés et arrangements si passés de mode (Paddy Mc Aloon ne sait utiliser que des ordinateurs Atari…).
Résultat: cet album, lancé dans la nature, ne devrait pas se hisser trop haut dans les charts, mais pour les fans, force est de constater que c’est beaucoup de bonheur.
Pays: GB
Kitchenware Records KWCD41
Sortie: 2009/09/07