MUSSELWHITE, Charlie – Sanctuary
The Sanctuary Band est composé de Charlie Musselwhite, voix et harmonica, Charlie Sexton, guitare et voix, leader du band, Jared Michael Nickerson (Burnt Sugar, Bernie Worrell, The The ), basse, et Michael Jerome (Pleasure Club, The Blind Boys Of Alabama, Richard Thompson), batterie.
Comme invités, on retrouve Ben Harper à la guitare sur deux titres et The Blind Boys Of Alabama au chant sur deux titres également. Pas de vedette ici, on se met au service des titres chantés ou joués. Le producteur est John Chelew (John Hiatt, Richard Thompson) qui réalise du bon travail. L’enregistrement a eu lieu au légendaire studio B de Capitol à Hollywood.
Pour commencer, Ben Harper joue de la slide sur une version de sa composition, « Homeless Child », un gospel ; sa complémentarité avec Charlie Musselwhite est parfaite et le rythme, souligné par les « clapping hands », est irrésistible. C’est pourtant de désespoir que l’on traite ici. Quel sort est réservé à l’enfant qui vit dans la rue ?
Tout aussi noir, « My Road Lies To Darkness » est un blues super bien balancé, très dépouillé et Musselwhite, qui l’a écrit, prouve qu’il est un harmoniciste hors pair en modulant parfaitement son jeu. Les interventions discrètes de Charlie Sexton sont néanmoins très remarquées ( il n’a pas accompagné Bob Dylan en tournée pour rien), tandis que la section rythmique tient parfaitement son rang. Décidément, on n’a pas affaire à des manchots.
L’introduction à la basse est magnifique sur « Burn Down The Cornfield » de Randy Newman. La slide de Charlie Sexton en renforce encore le côté sombre. La voix suave de Musselwhite a des accents dont la sincérité accentue l’impression de vécu. Son intervention à l’harmonica est également remarquable mais ça, on le sait déjà : il cumule les récompenses depuis des années et sa prestation sur cet album ne peut que confirmer cette tendance.
The Blind Boys Of Alabama relèvent de leur présence « Train To Nowhere », une composition très rentre dedans de Savoy Brown, rythmée par la batterie et les percussions efficaces de Michael Jerome. Entraîné dans ce tourbillon, le toujours excellent Charlie Sexton y distille un jeu discret mais pas piqué des vers. Cela raconte l’histoire d’un homme que le train conduit vers l’enfer mais dont le désespoir est tel qu’il n’en a cure …
« Shootin’ For The Moon » de Sonny Landreth ramène un rythme à consonance plus country où excellent encore la slide de Sexton et le jeu de Musselwhite à l’harmonica. Tout cela contribue à la bonne ambiance qui tend à faire oublier l’atmosphère lourde de l’album.
L’instrumental « Shadow People », composé par Charlie Musselwhite lui-même, met en valeur tout autant la basse de Jared Michael Nickerson que l’harmonica de Charlie Musselwhite. Comme ce dernier ne tire pas toute la couverture à lui, chaque musicien à son tour peut ainsi faire l’étalage de ses qualités.
Sur « Snake Song » de Townes Van Zandt, on entend un peu plus Charlie Sexton, dont chacune des interventions est remarquable de justesse et d’efficacité et soutient parfaitement le jeu de Musselwhite, dans un climat beaucoup plus nostalgique.
Charlie Musselwhite interprète ensuite une version transformée de « The Neighborhood », une excellente composition de Charlie Sexton, qui oublie comme d’habitude son ego pour se mettre entièrement au service de celui qui l’invite. Basé sur le thème de la solitude et du désespoir, c’est aussi un des très bons morceaux de cet album. Voici un très court extrait des paroles :
- « it’s raining pain and thundering fright in this neighborhood tonight »
- la souffrance et une peur terrible se répandent dans les environs ce soir
Dans la plus pure tradition du blues, « Alicia », instrumental composé par le saxophoniste de jazz Eddie Harris, transcendé par toute la virtuosité de Musselwhite à l’harmonica, provoque l’émotion et répand une ambiance d’une noirceur totale. C’est un autre moment très fort de ce CD.
« Sanctuary », adapté de la comédie musicale « The Gospel at Colonus », voit apparaître Ben Harper à la guitare pour la deuxième fois sur cet album, dans un blues qui se déroule sur le thème de la mort mais prétend trouver un sanctuaire.
Composé par Musselwhite lui-même, « I Had Trouble », autobiographique, avec The Blind Boys Of Alabama, a un tempo beaucoup plus rapide. Il alterne ainsi les genres et les rythmes pour rendre cet album plus versatile et pour en atténuer la noirceur. Enfin, « Route 19 », l’endroit où se situe le cimetière de ses parents, termine en une minute dix ce très bon mais très sombre album dans la plus pure tradition du blues avec la plainte subtile de l’harmonica, joué de façon magistrale.
Toute cette noirceur et cette crainte de l’avenir, tout ce désespoir, sont des symboles qui peuvent être transposés dans la société américaine d’aujourd’hui. L’Amérique et le monde vivent une période troublée, c’est peu dire. Cela déteint sur cet opus, qui n’en reste pas moins magnifique. Un must pour les amateurs de blues.
Tout ce beau monde se retrouve au Barbican Centre de Londres le vendredi 4 juin dans le cadre du festival World Got The Blues, pour se rendre le lendemain, samedi 5 juin, au Baden Blues Festival en Suisse. Imaginons un seul instant que sa route passe par celle du Spirit of 66 avant de se rendre au Rauma Blues Festival en Finlande le 31 juillet. Allez Francis, un beau geste !
Les titres :
- « Homeless Child »
- « My Road Lies To Darkness »
- « Burn Down The Cornfield »
- « Train To Nowhere »
- « Shootin’ For The Moon »
- « Shadow People »
- « Snake Song »
- « The Neighborhood »
- « Alicia »
- « Sanctuary »
- « I Had Trouble »
- « Route 19 (Attala County, Mississipi) »
Pays: US
Real World Records Ltd 07243 597379 2 8
Sortie: 2004/04/06
Un album à vous couper le souffle C’est beau !!!!! mais qu’est ce que c’est beau !!!!
A nouveau… Du grand Charlie !
Mais je suis déjà un convaincu…
OUI OUI OUI ===> MUSSELWHITE au 66, un rêve que je voudrais vivre !
(comme KIM WILSON d’Ailleurs).
Wait and see
DOMY
MAINTENANT, Charlie dans » Le Dynatop3 » !
Trop génial… la preuve qu’il y a encore des amateurs de bonne musique Roots & Boogie .
GREAT CHARLIE !!!