MORRISSEY – Years Of Refusal
Voici déjà plus d’un quart de siècle que Steven Patrick Morrissey est à juste titre considéré comme une icône du rock indépendant britannique. Son association prolifique avec Johnny Marr au sein des Smiths a accouché de quelques-unes des plus belles compositions mélancoliques des années 80 et leur influence est encore palpable aujourd’hui.
Depuis, Morrissey a entamé une carrière solo parsemée de moments lumineux (« Viva Hate » en 1988, « Vauxhall & I » en 1994) mais aussi de déceptions (« Kill Uncle » en 1991, « Maladjusted » en 1997). C’est d’ailleurs après ce dernier album qu’il a presque complètement disparu de la circulation avant de revenir d’on ne sait où en 2004 avec le magnifique « You Are The Quarry« , qui l’a définitivement remis en selle. En 2006, « Ringleaders Of The Tormentors« lui donnera un N°1 anglais, malgré une qualité légèrement inférieure au précédent. Février 2009 a vu la sortie de son neuvième album solo (si l’on excepte la compilation « Bona Drag » de 1990) et on se demandait quelle direction il allait emprunter cette fois-ci.
Initialement prévu à l’automne 2008, « Years Of Refusal » comprend pas mal de titres qu’on avait déjà eu l’occasion d’entendre au cours de sa tournée l’année dernière, dont l’excellent morceau d’introduction (et futur single), « Something Is Squeezing My Skull ». D’emblée, il place la barre très haut (comme sa voix au moment de prononcer le mot « skull » lors du refrain). Du classique Morrissey, comme la plage suivante, « Mama Lay Softly On The River Bed » (bien entendu, pas d’album de Morrissey sans titres kilométriques…). Suivent « Black Cloud », dont les parties de guitares sont assurées par le légendaire Jeff Beck et le single « I’m Throwing My Arms Around Paris », petite perle qui raconte l’histoire d’un type abandonné à la recherche de réconfort dans la capitale française.
Enregistré à Los Angeles, cet album renoue avec l’efficacité de « You Are The Quarry » et comprend beaucoup plus de morceaux évidents que « Ringleaders Of The Tormentors ». C’est Jerry Finn qui a produit la plaque, une sorte de surprise vu que ce bonhomme est plutôt habitué à travailler avec des groupes plus durs (Green Day, Blink-182, Offspring). Toutefois, on ne peut pas dire qu’il ait fondamentalement durci le ton (sauf sur la plage de clôture, le nerveux « I’m OK By Myself ») mais on sent clairement une certaine évolution dans le son, une recherche de ne pas se répéter. Même si le style Morrissey est toujours bien présent, évidemment, à l’instar du familier « That’s How People Grow Up », qui se trouvait déjà sur son « Greatest Hits » il y a un an et qui voit la participation vocale de Kristeen Young (oui, oui, celle qui avait assuré la première partie de son concert à l’AB en août 2006).
Par contre, la plage la plus surprenante (et qui n’est pas loin d’être la meilleure de la livraison), c’est « When Last I Spoke To Carol », aux influences mexicaines succulentes (Calexico n’est pas loin). Des influences que l’on retrouve également en toile de fond sur « One Day Goodbye Will Be Farewell », un titre qui parle ouvertement de la mort. Et ce n’est pas le seul, « You Were Good In Your Time » n’est pas mal dans le genre lugubre non plus. Ironie du sort, Jerry Finn est décédé d’une hémorragie cérébrale juste après avoir terminé son travail de production…
Cela mis à part, cet album est une réussite indéniable et on y sent un Morrissey tout à fait libéré, en pleine confiance de ses moyens. Son concert du 8 juin prochain à Anvers risque de valoir le détour…
Pays: GB
Polydor 4781655
Sortie: 2009/02/16